Procès Rédoine Faïd : retour sur les 95 jours de cavale du "roi de la belle"

C'est un procès sous très haute sécurité qui s'ouvre ce mardi 5 septembre. Redoine Faïd comparait devant les assises de Paris pour son évasion de la prison de Réau (Seine-et-Marne), en juillet 2018. Une évasion spectaculaire, en hélicoptère, réalisée en moins de 8 minutes par ses complices : 7 minutes et 33 secondes. S'ensuivent 95 jours de cavale et de traque.

Dès le départ, Redoine Faïd prend des risques incroyables. Nous sommes le 10 juillet, 9 jours après son évasion. Le fugitif flâne dans Paris. Il s'offre une virée shopping Boulevard Montmartre, où il dépense plus de 1.000 euros en vêtements. Redoine Faïd s'engouffre dans un taxi. Il est à peine caché sous une casquette et des lunettes de soleil. Nouvelle halte quelques rues plus loin, dans un Monoprix.

Tout le pays cherche le braqueur, son visage fait la une de tous les journaux. Redoine Faïd, lui, s'achète des caleçons.

La solution d'une cavale de proximité en famille

Très vite pourtant, la chance va sourire aux enquêteurs, grâce à l'aide d'un chasseur de l'Oise. Ce dernier s'est levé aux aurores pour observer le gibier. Mais à la place de sangliers, il croise trois hommes en pleine forêt. Le trio assure chercher "un coin de pique-nique". Il est 5 heures du matin. Le chasseur les prend discrètement en photo. Deux jours plus tard, son œil est attiré par une couverture bleue dans l'herbe. En dessous, les gendarmes vont découvrir deux kalachnikovs, des chargeurs, des gilets pare-balle, du matériel siglé police, mais aussi une disqueuse orange ; exactement la même que celle utilisée par le commando lors de l'évasion.

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C'est notamment grâce à cet arsenal que les enquêteurs vont rapidement avoir une conviction : Redoine Faïd n'est pas loin. Il semble avoir opté, par dépit peut-être, pour une cavale de proximité et en famille. L'ADN du braqueur, d'un de ses frères et de deux de ses neveux est identifié sur des objets et des armes de l'arsenal. Les dizaines de policiers mobilisés sur l'enquête travaillent jour et nuit, ils mangent Faïd, ils dorment Faïd. Mais le braqueur reste introuvable.

Les policiers le ratent de peu dans le Val-d'Oise

Un jour pourtant, les forces de l'ordre le ratent de peu, totalement par hasard. Fin juillet, dans le petit village de Piscop, dans le Val-d'Oise. Les gendarmes sont intrigués par une voiture garée sur la bande d'arrêt d'urgence de la voie rapide. Quand ils se rapprochent, la Laguna démarre en trombe. Fin de la course poursuite au centre commercial de sarcelles. La voiture a été abandonnée dans le parking souterrain, le moteur tourne encore. Ses occupants s'enfuient à pied dans les escaliers au milieu des magasins, puis s'évaporent.

Les visages de Redoine Faïd et de son frère surgissent sur les images de vidéosurveillance. C'est ainsi que les gendarmes découvrent qu'ils ont été à deux doigts de lui mettre la main dessus. Une fois encore, le braqueur a laissé beaucoup de choses derrière lui, notamment dans la voiture : des duvets, un téléphone portable, mais aussi six pains d'explosifs. L'étau se resserre.

Fin de cavale après 95 jours

Jusqu'à ce qu'enfin un tuyau anonyme aiguille les enquêteurs. Une personne vêtue d'une burqa, de grande taillle, assez musclée comme si un homme se cachait en dessous, a été aperçue à Creil (Oise). C'est LA ville où a grandi Redoine Faïd. La police multiplie les planques, les filatures, les écoutes. Son énorme travail pour remonter jusqu'aux téléphones du clan Faïd finit par payer.

Désormais, c'est certain, Redoine Faïd est dans ce petit immeuble blanc, appartement 18, chez une amie de son neveu. La BRI fait voler la porte en éclats. Redoine Faïd n'a pas le temps d'attraper le revolver posé juste à côté de son lit. Sa cavale prend fin le 3 octobre 2018, à 4 heures du matin.