On l’a surnommée "maîtresse courage", un titre de gloire qu’elle a toujours refusé. Institutrice, Laurence Dreyfus ne l’est plus depuis longtemps et le courage, pour elle, c’est autre chose. Elle a toujours fui les médias, la notoriété facile après la prise d'otages de l'école maternelle Commandant Charcot à Neuilly-sur-Seine.
"Cette prise d'otages ne me définit pas, disait-elle. C'est un moment, mais ce n'est pas tout moi." Un moment où tout bascule. Qu’elle le veuille ou non, il y a bien un avant, et un après.
Le 13 mai 1993, quand il fait irruption dans sa classe, Erick Schmitt alias "H.B." découvre une petite blonde de 30 ans au carré impeccable, sage et appliquée, pas forcément taillée pour affronter un huis-clos de 48 heures avec un forcené. Et pourtant.
Ce qui s'est joué entre ces murs, elle l’a raconté dans un livre paru en 1997, Chroniques d’une prise d'otages (Flammarion). "Le plus dur, écrit-elle, c'est le début, quand il ne parle pas. Il me donne des ordres en faisant de petits gestes nerveux et précis avec son pistolet. C'est très désagréable, mais je comprends parfaitement ce qu'il veut. Je file chez la directrice, dans son bureau, je bafouille et tente de formuler l'inexplicable. La directrice est incrédule. Elle attribue ma panique à mon inexpérience.”
Qui peut sérieusement se targuer d'accomplir un exploit en n'abandonnant pas à leur sort des bébés de trois ans ?
Laurence Dreyfus
Au soir du deuxième jour, les négociations s’interrompent pour la nuit. L’institutrice quitte la classe. Quand elle revient, le samedi vers 7h30, on lui apprend que "tout est fini". En vérité, pour elle, tout commence.
Quelques jours plus tard, elle est nommée chevalier de la Légion d’honneur. Tous les médias la veulent. Elle accorde une interview, une seule, à Paris Match. Parce que son mari y travaille, pour rétablir quelques vérités aussi, tailler en pièces son costume de maîtresse courage : "Qui peut sérieusement se targuer d'accomplir un exploit en n'abandonnant pas à leur sort des bébés de trois ans ?” dit-elle.
Elle veut aussi rendre justice à son ravisseur. "Je ne supporte pas d'entendre dire que l'homme qui a mené cette prise d'otages est un monstre (...). Pour moi, c'était un être humain, et il le demeure, même si je n'ai jamais vu son visage". Elle doit gérer la récupération politique, la droite qui tente de faire d’elle une icône sécuritaire, et la gauche, sa gauche, qui voit dans la mort de "H.B." une peine de mort qui ne dit pas son nom.
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