Vente de SFR : passage à 3 opérateurs, hausse des prix... Quelles conséquences pour les abonnés ?

La voie est libre pour une future vente de SFR. Le tribunal de commerce spécialisé de Paris a validé lundi 4 août le plan de restructuration de la dette d'Altice France, maison-mère de l'opérateur au carré rouge. Cette décision permet à l'entreprise d'alléger sa dette d'environ un tiers et d'inclure plusieurs de ses filiales dans l'opération, dont l'opérateur, la condition préalable à une cession.

D'après les informations de la presse spécialisée, la vente de SFR est désormais sur les rails. Son propriétaire, Patrick Drahi, ne cache plus sa volonté de sortir du marché français. Le scénario le plus probable est désormais celui d'une vente à la découpe. Les trois autres opérateurs se partageraient les actifs, les abonnés et les clients professionnels de SFR. 

La tâche s'annonce toutefois particulièrement complexe. SFR représente 19 millions d'abonnés dans le mobile, 6 millions dans le fixe, 300 boutiques et quelque 8.000 salariés. La disparition de l'opérateur bouleverserait l'équilibre du marché français, historiquement dominé par quatre acteurs qui se partagent la quasi-totalité du secteur. Un retour à trois opérateurs aurait des conséquences directes sur la politique tarifaire, les investissements et l'innovation.

"Moins vous avez d'acteurs, plus il est facile d'anticiper le positionnement de ses concurrents, notamment sur les prix. Mais le secteur veut croire que le contexte est favorable à la consolidation. Le rapport Draghi de 2024 plaidait notamment pour l'émergence de nouveaux champions européens et des rapprochements entre opérateurs ont été validés en Espagne ou au Royaume-Uni", souligne Maître Eric Paroche, avocat Associé reconnu en Antritrust, travaillant au sein du cabinet Hogan Lovell, joint par RTL.

Vers un nouveau rapport de force entre les opérateurs français

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Une telle opération devra passer le filtre des autorités de la concurrence au niveau français et européen. Tout l'enjeu pour Orange, Bouygues et Free est désormais de s'entendre sur un schéma de répartition des actifs de SFR. Selon BFM Business, Bouygues pourrait récupérer les antennes relais et Free les abonnés entreprise. Les deux opérateurs lorgneraient aussi les clients mobile et box. D'après Le Figaro, Bouygues et Free viseraient aussi particulièrement les clients de la marque low cost RED by SFR et le marché professionnel. Tout l'enjeu pour ces deux groupes est récupérer la deuxième place du podium après la vente.

La marge de manœuvre du leader Orange est plus limitée. "En tant qu'opérateur historique, Orange a conservé des parts de marché significatives en France. Ce serait plus difficile pour lui d'absorber SFR", résume Me Eric Paroche.

Des acteurs étrangers suivent aussi le dossier, notamment des groupes du Moyen-Orient et de grands fonds d'investissements dotés de ressources colossales. Leur intérêt pourrait permettre à Altice de faire monter les enchères auprès des opérateurs français. "Les autorités pourraient aussi voir d'un bon œil l'arrivée d'un investisseur étranger sur le plan de la concurrence, car cela permettrait de conserver quatre acteurs sur le marché français. Mais ça poserait d'autres problèmes en terme de souveraineté nationale. Et le gouvernement pourrait ne pas vouloir être critiqué sur ce terrain", estime Me Eric Paroche.

Des conséquences pour les millions d'abonnés

La vente de SFR aura aussi des conséquences pour ses millions d'abonnés. Pour l'heure aucune communication n'a été faite à leur endroit. Une situation déplorée par la présidente de l'association UFC-Que Choisir Marie-Amandine Stévenin dans La Dépêche et Libération. Selon elle, "les conséquences sur les consommateurs vont dépendre entièrement des conditions de vente, de ce qui est vendu et ce qui est repris". "Si SFR est racheté dans sa globalité par un seul acteur, tous les contrats de l'entité juridique subsisteraient. Ce serait plus compliqué en cas de partage des actifs", souligne Me Eric Paroche. "Il ne faudrait pas que cela conduise à une augmentation des tarifs des autres opérateurs pour les abonnés", met en garde l'UFC Que-Choisir.

Les abonnés disposent malgré tout de protections. En cas de changement important du contrat, qu’il s’agisse d’une hausse de tarif, de la suppression d’une option ou de la modification d’un service, ils peuvent résilier leur abonnement sans frais, même s’ils sont encore engagés. Ce droit est inscrit dans le Code de la consommation. Il est donc essentiel de rester attentif aux communications de SFR dans les prochaines semaines. La question de la continuité du service suscite également des interrogations. Mais à ce jour, aucun élément ne laisse augurer une perturbation du réseau internet ou mobile.