46 heures. C'est le temps qu'a duré la prise d'otage de l'école maternelle du Commandant Charcot à Neuilly-sur-Seine en 1993. Le 13 mai de cette année-là, un homme vêtu de noir et armé d'explosifs s'introduit dans l'établissement scolaire et menace 21 élèves de petite section et leur institutrice, Laurence Dreyfus. Très vite alertée, l'ensemble de la police se mobilise et le RAID sollicite toute l'aide qu'il peut obtenir... y compris celle de Nicolas Sarkozy.
À l'époque celui qui deviendra président de la République est ministre du Budget et maire de Neuilly-sur-Seine. C'est une évidence pour lui de se rendre sur place. Là, sur proposition de Louis Bayon, patron du RAID, il entre dans la salle de classe pour négocier avec le preneur d'otage qui se fait appeler "H.B" (pour "Human Bomb"). Dans Les Voix du crime, il décrit leurs échanges comme "tendus" et "virils". Il confie aussi la peur qui l'envahit malgré la satisfaction d'avoir libéré plusieurs enfants.
"Je sentais que j'étais un peu fatigué, raconte-t-il au sujet de son premier échange avec le preneur d'otages. J'ai enlevé ma veste pour m'asseoir et j'ai vu que ma veste était trempée. Ce n'était pas ma chemise qui était trempée, c'était ma veste ! Donc j'imagine que j'ai dû avoir peur parce que c'est assez rare si vous voulez, quand vous êtes en sueur - pardon de ce détail. La chemise est mouillée, mais le dos... c'était complètement trempé ! J'étais halluciné de voir ça !"
Quand je suis rentré dans le restaurant, les gens se sont levés, m'ont applaudi
Nicolas Sarkozy
Pendant près de deux jours consécutifs, Nicolas Sarkozy négocie avec H.B. qui demande pêle-mêle une télévision, un transistor, un journaliste et même une rançon de 100 millions de francs. Des échanges qui durent jusqu'à la seconde nuit de confrontation. Là, H.B. refuse toute discussion et il n'y a qu'une seule issue : l'intervention.
C'est ainsi qu'aux alentours de 5h du matin, le 15 mai, H.B. est neutralisé. "J'ai appelé le ministre de l'Intérieur et Premier ministre pour dire C'est fait, les enfants sont saufs. J'ai même pas dit que H.B. avait été tué !" Comme chacun et chacune, Nicolas Sarkozy rentre chez lui. "Je voulais rassurer mes enfants qui étaient Pierre et Jean qui avaient à l'époque une dizaine d'années et qui étaient très inquiets, raconte-t-il. Et donc je suis rentré et j'habitais à l'époque à Bercy. On a été au restaurant. Je me souviens, quand je suis rentré dans le restaurant, les gens se sont levés, m'ont applaudi."
Ça a dû être la peur rétrospective, mais j'avais grossi énormément
Nicolas Sarkozy
À la suite du drame, la célébrité s'accompagne d'un double contre-coup. D'abord, le traumatisme. "J'ai eu un contre-choc cet été-là, explique Nicolas Sarkozy. J'ai pris dix kilos et je ne sais pas pourquoi. Ça a dû être la peur rétrospective, je ne sais pas, mais j'avais grossi énormément." De là vient sa passion du sport. "C'est en septembre, en rentrant, que j'ai décidé de faire un jogging d'une heure chaque jour. Ce que je tiens en 2023, vous voyez, à 30 ans après !" se réjouit-il.
Par ailleurs, une polémique s'installe : des magistrats accusent le RAID d'avoir froidement exécuté le preneur d'otages dans son sommeil. "Si Monsieur HB ne voulait pas d'ennuis, il n'avait pas à tenir une classe en otage pendant 48 heures", balaie Nicolas Sarkozy. Devenu Président 14 ans plus tard, il confirmera Louis Bayon comme patron du RAID, et celui-ci lui confiera son écusson trempé de sueur comme relique de ce drame.
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