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Sikinos, Grèce
Crédit : Spyros BAKALIS / AFP
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Jeudi 13 juin 2024, à Reims, le compagnon de Françoise Boutteaux s'interroge : depuis deux jours, il essaie de la joindre. Sans succès. La retraitée de 73 ans est partie seule, comme à son habitude, en voyage en Grèce. La famille sait que le 9 juin, elle est arrivée sur la petite île de Sikinos, bien moins fréquentée et connue que sa voisine, Santorin, à deux heures de ferry. Les enfants de la disparue appellent les trois hôtels de l'île, ainsi que l'agence Sikinos Travel qui s'est occupée du séjour de Françoise. Le directeur révèle que la cliente n’a plus donné de nouvelles depuis le mercredi 12 juin.
Le petit poste de police de Sikinos est donc alerté de la disparition de la touriste Française. Une demi-heure plus tard, le même poste est prévenu de la disparition simultanée d'une autre Française, Marie-Pierre Arfel, 64 ans. Les deux femmes avaient fait connaissance sur le port, puis sont parties ensemble en randonnée sur l'un des chemins qui sillonnent Sikinos. Les quatre uniques policiers de l'île sont mobilisés, en attendant des renforts de Santorin et d’autres îles de l’archipel des Cyclades.
Les sauveteurs sont convaincus que les promeneuses ont eu un accident. Preuve en est, le tour opérateur chargé du séjour de Françoise Boutteaux a reçu, deux jours après le départ en randonnée, un curieux appel de la Française sur WhatsApp. La communication, à laquelle il n’a rien compris, a duré une minute. Il a ensuite reçu ce message en mauvais anglais : "Fall an", traduction "je suis tombée". Le patron d'agence lui demande sa position, lui conseille d'appeler le 112, mais il n'aura plus aucune réponse.
Mardi 18 juin 2024, les enfants de la disparue débarquent sur l'île. Le trajet des deux femmes est arpenté, mais ne révèle rien. Des images de vidéosurveillance montrent qu'elles ne transportent pas beaucoup de matériel. À partir de 18h40, et jusqu’à 19h24, le compagnon de Françoise Boutteaux tente de la joindre, et s'étonne, car les SMS qu'il envoie sont lus, mais restent sans réponse. Le lendemain, jeudi 13, le compagnon adresse d'autres messages qui ne seront pas ouverts. Autre fait mystérieux, le portable de la victime est localisé, comme s'il se déplaçait en mer, jusqu'à l'île de Santorin.
Mercredi 4 décembre 2024, Juliette et Frédéric Gille, les enfants de Françoise Boutteaux, déposent plainte contre X devant le doyen des juges de Paris pour enlèvement, détention et séquestration dans le but de relancer les investigations sur le terrain. Justine Michaux, nièce de Marie-Pierre Arfel, interrogée par Paris-Match, se montre désabusée : "Il n'y a toujours pas l'ombre d'un indice, ni même d'une réponse". La famille avait écrit au Quai d'Orsay, mais les autorités françaises ont fait savoir aux proches de la disparue que toute intervention ne pourrait se faire qu'à la demande de la Grèce.
"Dans ce dossier, on commence à avoir beaucoup de colère, parce qu'on s'aperçoit que quand une femme qui a plus de 70 ans, retraitée, part en vacances en Grèce et disparait, tout le monde s'en fout. On n'a aucune réponse des parquets saisis à la base, on n'a pas de juge d'instruction désigné spontanément... La France aurait dû se saisir du dossier elle-même, ouvrir une instruction et communiquer avec la Grèce, regrette Me Marine Allali, avocat de la famille de Françoise Boutteaux. Et en Grèce, c'est pareil. On a l'impression qu'ils ont fait ce qu'ils ont pu avec leurs moyens, or on a des spécialistes qu'on pourrait dépêcher là-bas. Et je suis sûre que les résultats seraient largement meilleurs."
Et Me Didier Seban, avocat de la famille de Françoise Boutteaux, d'ajouter : "C'est certain qu'on ne peut pas envoyer des policiers français fouiller une île grecque comme ça, il y a des accords bilatéraux. Mais rien n'interdit à la France de demander à ce que des enquêteurs français soient associés à l'enquête grecque." Le fils, la fille et les proches de Françoise Boutteaux, tout comme la nièce et les amis de Marie-Pierre Arfel souhaitent qu'un ratissage, notamment à l'aide de drones, soit entrepris sur l'île de Sikinos, plus particulièrement sur le suivi du chemin emprunté par les randonneuses.
"Si d'ici quelques mois, on n'a toujours pas de résultats, on se posera la question d'aller nous-mêmes sur place pour faire les recherches, lance Frédéric Gilles, fils de Françoise Boutteaux. Le fait que des Français disparaissent à l'étranger sans prise en compte, sans une politique publique qui s'attache à ces questions, c'est pour moi inacceptable."
- Me Didier Seban et Me Marine Allali, avocats au barreau de Paris, avocats de la famille de Françoise Boutteaux.
- Frédéric Gilles, fils de Françoise Boutteaux.
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