Féminicide de Nathalie Debaillie : "On voudrait des excuses publiques", demande son frère Nicolas sur RTL

Nathalie Debaillie a été assassinée par son ex-conjoint le 27 mai 2019, après des mois de harcèlement et de menaces de sa part, refusant d'accepter la rupture. La sœur de Nicolas, invité sur RTL lundi 5 mai, se rend quatre fois au commissariat pour déposer plainte et main courante. Mais rien ne se passe. 

Elle va être enlevée puis égorgée par son ancien compagnon. En juillet 2024, il est condamné à 30 ans de réclusion criminelle. Cependant, cette nouvelle affaire de féminicide n'est pas terminée. Mercredi 7 mai, sur le banc des accusés, l'État français va comparaître. Un procès très attendu par Nicolas Debaillie.

"Pourquoi notre État a refusé de protéger ma sœur ?", débute-t-il avant de poursuivre en rappelant les mois qui ont précédé l'assassinat du 27 mai 2019 : "Elle passait les portes du commissariat et elle avait les preuves. Certes, elle n'avait pas de bleu visible puisque le harcèlement est de la violence psychologique, mais elle était traquée."

Pour Nicolas, la police et l'Etat, "au sens large" sont responsables de la mort de sa soeur. "Si la police appliquait les procédures qu'on lui demande d'appliquer, alors dans ces cas-là, il y a un problème de procédure, il y a un problème institutionnel. Et c'est ça que nous voulons pointer", explique-t-il. "Nous attendons du tribunal qu'il y ait une condamnation, mais surtout, ce que l'on voudrait, c'est qu'il y ait des excuses publiques", demande Nicolas Debaillie. Il pointe alors un "règlement déficient" et un "dysfonctionnement local et global".

"La honte doit changer de camp"

Un policier ira même jusqu'à écrire, sur le procès verbal d'une plainte de Nathalie Debaillie, qu'elle n'est pas en danger, malgré les antécédents de violences conjugales de son ex-mari. Un constat horrible pour Nicolas, qui a "vécu à ses côtés" le mal-être de sa soeur : "Elle a posé des alarmes, changé sa serrure. Elle disait à ses enfants de ne plus ouvrir la porte, de ne plus répondre au téléphone. Elle ne dormait plus la nuit." 

Détruit par l'assassinat de sa sœur, Nicolas Debaillie attend des excuses, mais également une évolution dans la prise en charge des victimes : "Je ne suis pas dans les commissariats. Tout ce que je peux vous dire, c'est qu'au 30 avril, il y avait 47 féminicides comptabilisés. Les chiffres ne baissent pas."

Tous les deux jours, une femme est tuée par son compagnon ou son ex-compagnon en France. Entre "manque de moyens" et "problème dans le traitement des plaintes des femmes", Nicolas Debaillie conclue ainsi l'échange en s'adressant aux femmes victimes : "J'ai envie de leur dire de ne pas abandonner, de ne pas lâcher, de n'accepter sous aucun prétexte une main courante quand elles souhaitent porter plainte et qu'elles sont dans leur droit. La honte, la culpabilité, doivent changer de camp".