Affaire Harmonie Marin : un féminicide maquillé en suicide

Le 19 juin 2013, à Fécamp, en Seine-Maritime, Harmonie Marin, une jeune infirmière de 25 ans, est retrouvée morte à son domicile. Autour de son cou, il y a un fil électrique. Pour les enquêteurs, il ne fait aucun doute : la jeune femme s’est suicidée. Affaire classée.

Mais sa famille refuse d’y croire. Ils décrivent Harmonie comme une jeune femme épanouie. Elle venait d'obtenir son diplôme d'infirmière et voulait avoir un enfant.

Le compagnon de la victime, Bruno Laffilay, 33 ans, est en larmes. Il explique aux policiers avoir découvert le corps autour de 22h15. Auparavant, il était sorti vers 20h30 promener sa chienne. Harmonie était restée dans leur chambre devant la télé. En chemin, il est passé prendre un café chez Émeline, une amie du couple. Au retour, il n'a trouvé personne. Il a retrouvé Harmonie au grenier pendue à une poutre.

Des SMS inquiétants

Depuis fin 2012, et l'achat de la maison à crédit, l'entente au sein du couple s'était dégradée. Bruno avait pris une maîtresse. Il voulait quitter Harmonie. Dans le téléphone, la mère, Isabelle Marin, a découvert près de 80 SMS d'Harmonie à son beau-frère et confident. Elle lui dit avoir peur de son compagnon. L’examen du portable va s'avéré capitale.

"On retrouve notamment des menaces, des disputes où Bruno Laffilay dit à Harmonie qu'il faudrait mieux qu'elle "se jette sous les roues d'une voiture". On retrouve la trace de beaucoup de messages effacés qui montre que le téléphone a été nettoyé ", détaille le journaliste Nicolas Deliez au micro de L'Heure du crime sur RTL. 

Les spécialistes remarquent aussi que les tous derniers messages envoyés par Bruno à Harmonie le soir de la mort, sont inhabituels. Il signe avec un "Bisous" et utilise le terme "désolé" pour s'excuser de son retard. Des mots gentils qu'il n'avait jamais employé auparavant. 

La théorie de la pendaison ne tient pas

Les gendarmes font expertiser le fil électrique utilisé pour la pendaison. Il ne supporte qu'un poids de 38 kilos, moins que le poids de la victime. Le câble aurait dû céder ou s’étirer, ce qui n’est pas le cas.

Les soupçons se précisent. Mercredi 8 octobre 2014, Bruno Laffilay est en garde à vue. Il se laisse peu à peu aller aux confidences. Il reconnait une dispute avec sa compagne alors que tous deux se trouvaient dans la soupente pour y étendre du linge. Il lui a mis une gifle. Il a attrapé le fil électrique et le lui a passé autour du cou. 

Si l'affaire était restée au commissariat de Fécamp, il y avait une espère de pollution locale, le fait qu'il soit pas là pour la tuer, juste pour lui montrer de quoi il était capable si elle continuait ses reproches. Il avait ses deux mains qui serraient. Lui et Harmonie ont perdu l'équilibre. Ils ont chuté.

À cet instant Harmonie ne disait plus rien, mais ses yeux bougeaient, je l'entendais respirer.

Bruno Laffilay

Il a coupé le fil et il l'a laissée là. Quand il est rentré deux heures plus tard, elle gisait sur le sol. Elle n'avait plus de pouls et elle était bleue.

Lundi 18 septembre 2017, Bruno Laffilay se présente devant la cour d'assises de la Seine-Maritime, à Rouen. Il refuse la préméditation de son crime. Au terme de trois jours de procès, il a été condamné à 25 ans de réclusion criminelle. Un chiffre qui résonne : 25 ans, c'est l'âge qu'avait Harmonie quand il l'a tuée. 

Les invités de "L'Heure du crime"

- Me Guillaume Routel, avocat au barreau du Havre, avocat des parents d'Harmonie Marin.
- Me Valérie Giard, avocate au barreau du Havre, première avocate de Bruno Laffilay.
- Nicolas Deliez, journaliste, documentariste et réalisateur d'un épisode d'Enquêtes Criminelles sur cette affaire.

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