Féminicide de Magali Blandin : complot, meurtre, emprise… Que savaient réellement les parents de son meurtrier ?

PODCAST - Le 11 février 2021, Magali Blandin, 42 ans, est tuée par son mari Jérôme Gaillard, à Montfort-sur-Meu (Ille-et-Vilaine), qui avoue être l'auteur du meurtre. Me Gwendoline Tenier, l'avocate de la mère de Jérôme Gaillard revient dans "Les Voix du Crime" sur le profil de Monique Gaillard : une septuagénaire, accusée avec son mari, d'avoir participé au meurtre.

L'avis de recherche pour retrouver Magali Blandin.

Crédit : DAMIEN MEYER / AFP

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Le 11 février 2021, Magali Blandin, 42 ans, disparaît à Monfort-sur-Meu, une commune proche de Rennes. Cette mère de famille discrète, est morte sous les coups de son mari, Jérôme Gaillard. Plusieurs mois avant les faits, Magali Blandin avait quitté son mari après avoir déposé plainte contre lui pour violences conjugales. Le 18 mars 2021, Jérôme Gaillard est placé en garde à vue et envoyé en détention provisoire.

Face aux enquêteurs, le principal accusé avoue le meurtre. Il dit ne pas avoir supporté leur séparation. Philippe Astruc, le procureur de Rennes, dévoile que l'affaire cache en réalité des ramifications plus complexes : les autorités soupçonnent que Magali Blandin ait été victime d'un complot familial.

Me Gwendoline Tenier, avocate au Barreau de Rennes, a représenté Monique, la mère de Jérôme Gaillard. Dans Les Voix du crime, elle revient sur le rôle du couple de septuagénaires auprès de leur fils.

Il n'y avait pas d'élément dans ce dossier pour pouvoir venir dire que d'une manière ou d'une autre, elle aurait pu se porter complice de son fils.

Maître Gwendoline Tenier

Les parents Gaillard se retrouvent eux aussi face enquêteurs. Ces derniers s'interrogent sur le comportement de Monique, la mère du meurtrier, lors de ses auditions. Le 20 mars 2021, Monique Gaillard est mise en examen pour complicité et incarcérée à la prison des femmes de Rennes, une décision contestée par Me Gwendoline Tenier.

"Évidemment, devant une cour d'assises, je m'apprêtais à plaider un acquittement, explique Me Tenier. Parce que j'estimais que les critères juridiques n'étaient pas constitués ici la concernant. Il n'y avait pas d'élément dans ce dossier pour pouvoir venir dire que d'une manière ou d'une autre, elle aurait pu se porter complice de son fils, que ce soit dans la tentative ou dans l'acte exécuté par la suite".

Me Tenier, décide de faire appel de la décision de placement en détention provisoire de sa cliente, mais la chambre d'instruction n'en démord pas et suspecte le couple d'avoir fourni l'argent et l'alibi de leur fils en ayant connaissance de son projet criminel. À la suite de l'incarcération du couple, Monique et Jean Gaillard sont convoqués pour un premier interrogatoire face au juge d'instruction, David Bénichou. Face à ce dernier, la femme de 72 ans n'est pas convaincante. Un deuxième interrogatoire est organisé quelques jours plus tard.

Il a amené avec lui ses parents dans son projet criminel.

Maître Gwendoline Tenier

"À ce moment-là, elle va arrêter de penser comme une femme qui pourrait être apeurée par son fils (...) elle va penser comme une femme et une mère au même titre que Magali Blandin était une mère et au même titre qu'elle est la grand-mère des petits (...). Et finalement, on sent bien à ce moment-là qu'elle met tout bout à bout et qu'elle comprend à quel point pendant ces mois-là, ils ont été menés par le bout du nez par Jérôme", ajoute Me Gwendoline Tenier.

Plusieurs mois après les faits, Monique et Jean Gaillard, agriculteurs à la retraite, sont convoqués le 12 octobre 2021 pour une confrontation face à leur fils Jérôme. Au terme de cet exercice et face au juge d'instruction, Monique Gaillard dévoile toute la vérité : le couple de septuagénaires reconnait avoir été informé du projet criminel de leur fils aux alentours de Noël 2020, deux mois avant le drame, une information qui rebat les cartes dans l'enquête.

"Le juge d'instruction va se servir de ça pour confronter surtout Jérôme. Et qu'il se rende compte à quel point il a amené avec lui ses parents dans son projet criminel. À quel point il les a totalement enfermés là-dedans (...). Il va abuser de ses parents en leur demandant une somme d'argent importante qu'eux vont donner... Ils vont donner cet argent à ce moment-là sans se dire que cet argent va être la somme demandée pour aller exécuter Magali Blandin", explique Me Gwendoline Tenier.

C'est littéralement une emprise

Me Gwendoline Tenier

Des expertises psychologiques permettent de brosser les portraits des trois protagonistes au cœur de l'affaire. Elles révèlent que Monique et Jean Gaillard se sont retrouvés sous la coupe de leur fils. "C'est littéralement une emprise. Et ce sera un mot qui sera utilisé tant par Jérôme lui-même, que par Monique, qui a encore cette hauteur et cette clairvoyance (...)" explique Me Gwendoline Tenier.

Ce féminicide de Magali Blandin ne sera pas la seule mort au sein de la famille Gaillard-Blandin. En novembre 2021, Jérôme Gaillard est retrouvé pendu aux barreaux de sa cellule au centre pénitentiaire de Vezin-le-Coquet (Ille-et-Vilaine). Un an et demi plus tard, le 7 février 2023, les corps sans vie de Monique et Jean Gaillard sont découverts dans leur résidence de La Turballe (Loire-Atlantique). Au moment des faits, ils étaient tous les deux placés sous contrôle judiciaire.

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