Les avocats du narcotrafiquant jugé en appel depuis lundi en son absence par la cour d'assises de l'Essonne, pour l'assassinat d'un retraité français au Venezuela, ont plaidé ce vendredi 20 novembre l'acquittement de leur client, en pointant du doigt l'absence de mobile sérieux.
Fin avril 2012, le corps décapité et amputé de Paul Wolnerman a été trouvé dans un sac échoué sur une plage près de la marina de Puerto La Cruz, à l'est de la capitale Caracas. Très vite l'enquête mène à l'homme de confiance de Paul Wolnerman, un certain Marco Ferrari.
Derrière cet alias se cachait Ugo Marchic, un narcotrafiquant d'envergure internationale qui a gagné la confiance du retraité français jusqu'à obtenir sa procuration sur ses biens. Après la mort du retraité, Ugo Marchic avait dissimulé la disparition de l'expatrié auprès de ses proches et vendu dans la foulée son appartement, son bateau et sa voiture sur lesquels il avait procuration.
"Après la mort de Paul Wolnerman, il a volé son argent, on ne le contestera pas, mais l'accusation est incapable de montrer qu'il était là quand il a été assassiné", a plaidé l'avocat de l'accusé, Matthieu Chavanne. "La procuration révèle qu'il n'avait aucun intérêt" à le tuer, a insisté Me Chavanne. "Il pouvait voler à condition qu'il soit vivant", a-t-il insisté, décrivant son client comme un "homme intéressé et cupide".
Jeudi, l'avocat général Rémi Crosson du Cormier avait requis trente ans de réclusion, décrivant un assassinat "épouvantable". Ugo Marchic a été condamné en première instance à trente ans de réclusion criminelle par la cour d'assises de Paris et écroué en 2015.
Toute la semaine, les débats se sont déroulés en l'absence de l'accusé de 67 ans, en fuite, et désormais visé par un mandat d'arrêt international. "Cette fuite est marqué par un triple sceau: la lâcheté, la faiblesse et l'espoir de vivre quelques jours dehors", a commenté Me Chavanne.
Mais "cette absence n'est pas une preuve de culpabilité", a renchéri sa consœur Me Sukeyna Elachguer. "Ne condamnez pas Ugo Marchic parce qu'il est le coupable idéal".
Ugo Marchic avait été condamné par contumace par la justice française en 2001 pour avoir dirigé un trafic international de stupéfiants entre des pays d'Amérique latine et d'Europe.