ENQUÊTE RTL - Mohamed Amra : 6 mois de cavale sans aucune erreur, un précédent projet d'évasion révélé

Cela fait désormais 184 jours que Mohamed Amra est insaisissable. Sa cavale est déjà deux fois plus longue que celle de Rédoine Faïd. Pourtant, il est toujours l'homme le plus recherché de France, depuis qu'un commando armé a tué 2 surveillants sur un péage de Normandie pour l'extraire du fourgon qui le transportait. Le criminel a évité pour le moment tous les pièges d'une cavale.

Mohamed Amra n'a en effet pas commis la moindre imprudence, la moindre erreur, qui permettrait à la police judiciaire de remonter jusqu'à sa planque d'après des sources concordantes. Aucun contact, notamment, n'a été détecté avec ses proches : ni avec son fils de trois ans, ni avec sa mère, ni surtout avec les délinquants connus de son entourage criminel, à Dreux ou Rouen en particulier, susceptibles de lui venir en aide. Beaucoup sont pourtant sous surveillance, et ce même si beaucoup utilisent des messageries chiffrées, intraçables, qui compliquent la tache des enquêteurs. 

"La Mouche", comme il est surnommé dans le milieu, a également su esquiver indics et ennemis de gangs rivaux susceptibles de le balancer aux policiers. Enfin, dans l'hypothèse d'une fuite à l'étranger, qui reste une des pistes envisagées, le trentenaire a su se jouer de tous les contrôles alors qu'il est visé par une notice rouge d'Interpol, active dans 196 pays. Une cavale sans faute qui surprend - dans une certaine mesure - les policiers, qui le considéraient come un malfrat normand d'envergure moyenne avant son évasion.

Une première tentative d'évasion une semaine avant l'attaque du péage d'Incarville

RTL est en mesure de confirmer* un autre élément qui montre à quel point Mohamed Amra et ses complices étaient déterminés à faire aboutir leur projet d'évasion.

Une semaine avant l'attaque du fourgon cellulaire au péage d'Incarville, un commando de trois voitures avait été déjà été positionné sur le trajet d'Amra. Le délinquant faisait alors l'objet d'un premier transfert vers le tribunal d'Evreux. Un témoin inquiet de voir des hommes en noir dans des véhicules avait alors prévenu les gendarmes. Le commando avait pris la fuite mais une plaque avait pu être relevée.

D'après les informations de RTL, après l'évasion réussie d'Arma  la plaque s'est révélée être identique à celle d'une des voitures utilisées le 14 mai. Ce lien, et la position du commando, ont convaincu les forces de l'ordre qu'ils s'agissait bien d'une première tentative.    

Les deux surveillants pénitentiaires vraisemblablement tués par le même tireur

Autre aspect important des investigations en cours : les expertises balistiques, les autopsies et les analyses de la vidéo de l'attaque, notamment, indiquent, d'après les informations de RTL, que c'est vraisemblablement le même membre du commando qui est l'auteur des tirs qui ont tué les deux surveillants pénitentiaires assis à l'avant du fourgon. 

Cela ne change rien à la responsabilité des quatre autres assaillants : qu'ils aient tiré ou non, tous encourent la perpétuité. Mais l'interpellation de cet homme est évidement d'autant plus cruciale pour les familles des deux victimes. Des dizaines d'enquêteurs de l'OCLCO, l'Office de lutte contre la criminalité organisée de la police judiciaire, continuent de traquer le commando 24 heures sur 24. 

Magistrats et policiers restent pourtant entièrement confiants dans leur capacité à mettre fin à la cavale de Mohamed Amra. "Le temps joue pour nous" affirmait en septembre la procureure de Paris Laure Beccuau sur RTL.

*L'information a été initialement révélée dans le livre Tueurs à gages, de Jean-Michel Décugis, Jérémie Pham-Lê et Vincent Gautronneau, Ed. Flammarion, sorti en octobre 2024. 

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