Enlèvement de Mélodie Nakachian : comment les ravisseurs se sont organisés en "multinationale du crime"

Le matin du 9 novembre 1987 à Marbella, sur la Costa del Sol espagnole, Mélodie Nakachian, 5 ans, est accompagnée à l'école en voiture. Des hommes, masqués et armés, surgissent. Une camionnette bloque la voiture. Le chauffeur est contraint d'ouvrir les portières, et les ravisseurs extirpent la petite fille hors du véhicule.

Elle est emmenée dans un lieu inconnu et retenue en otage. Les assaillants demandent une rançon, colossale pour l'époque : 13 millions de dollars. "La famille Nakachian est riche, c'est ce qui a attiré les ravisseurs", raconte Patrick Baudot, ancien chef d'état-major de la Brigade criminelle, dans Les Voix du crime.

Raymond Nakachian, le père de Mélodie, est un milliardaire libanais. Kimera, sa mère, est une star de la pop sud-coréenne. Patrick Baudot, jeune enquêteur à "La Crim'", est saisi de l'affaire par son chef de groupe Michel Desfarges, car les protagonistes de l'enlèvement sont issus du grand banditisme français.

On a en face de nous une multinationale du crime.

Patrick Baudot

Les enquêteurs français, qui collaborent avec la police espagnole, établissent les profils des ravisseurs. "Ce sont des pointures du milieu lyonnais, nantais, grenoblois, parisien…On a en face de nous une multinationale du crime", se souvient Patrick Baudot. Il cite notamment Jean-Louis Camerini, l'organisateur, et Claude Pieto, "considéré comme l'un des tueurs du juge Renaud."

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Pendant ce temps, la petite Mélodie est toujours retenue en otage. Les forces de l'ordre négocient avec les ravisseurs, et Raymond Nakachian lui-même participe aux discussions. "Il s'est comporté comme un homme d'affaires, en dur. Il a réussi à faire baisser le montant de la rançon", explique Patrick Baudot.

Notre métier, c'est la mort. Là, on avait quelqu'un de vivant.

Patrick Baudot

La prise d'otage dure onze jours, "c'est très dur pour Mélodie, surtout qu'ils avaient prévu de l'éliminer", souligne Patrick Baudot. Les enquêteurs bénéficient d'un coup de pouce inattendu : Jean-Louis Camerini perd son portefeuille pendant son footing.

Les enquêteurs, qui le suivaient à la trace, récupèrent l'objet et remontent jusqu'à la cache des ravisseurs. "Quand les policiers espagnols interviennent, ils trouvent Constant Georgoux, l'un des assaillants, avec une arme pointée sur Mélodie", raconte Patrick Baudot, dont le chef était présent le jour de l'intervention.

Sa libération "est un immense soulagement pour tout le monde. Notre métier, à la Crim', c'est la mort. Là, on avait quelqu'un de vivant." Certains ravisseurs prennent la fuite. Ils seront ensuite arrêtés un par un.