Disparition de Marion Wagon : pourquoi l'a-t-on surnommée "la petite fille des briques de lait" ?

"Midi-onze, sortie de l'école maternelle. C'est la dernière fois qu'on la voit vivante." Le 14 novembre 1996 à Agen, Marion Wagon ne rentre pas chez elle à la pause déjeuner. Cette petite fille de 10 ans a pris l'habitude de parcourir seule les 500 mètres qui la séparent de son domicile, mais ce jour-là, ses parents l'attendent à table avec ses deux frère et sœur… en vain. Marion n'arrivera jamais.

Les premiers éléments de l'enquête sont formels : Marion a disparu entre 12h11, heure à laquelle son ancienne maîtresse lui adresse un coucou dans la cour, et 12h16, lorsque l’ilotier chargé de faire traverser les enfants quitte son poste sans l'avoir vue. "Cinq minutes, ça suffit pour disparaître", résume le journaliste Vincent Sénécal dans Les Voix du crime. "Une petite fille sur le trottoir, une voiture arrêtée, une portière qui s'ouvre. Quelqu'un qui la met dedans. La portière se referme. La voiture démarre. C'est terminé, ça prend quelques secondes."

La première piste explorée par les enquêteurs est celle de la fugue. "Ils ne vont probablement pas mettre les moyens qu'ils auraient dû mettre pour cette disparition", suppose Vincent Sénécal. Plus encore, dû à un manque de personnel, le chien pisteur demandé met du temps à arriver sur place, il n'est opérationnel qu'à 17h. "La petite Marion a déjà disparu depuis 5 heures, donc ça fait un peu tard pour l'intervention du chien", poursuit le journaliste.

La petite fille des briques de lait

De nombreux appels à témoin sont diffusés tout le long de l'enquête. Y compris sur... des briques de lait. Une initiative prise par Annie Gourgue, présidente de l'association La Mouette qui vient en aide aux proches de victimes disparues. Grâce à son contact avec l'animateur Jacques Pradel, elle obtient des industriels du lait que le portrait de Marion soit imprimé sur les emballages. "Et on se souviendra tous de la petite fille des briques de lait", résume Vincent Sénécal.

En décembre, deux semaines après la disparition de Marion, deux noms finisse par émerger : Gilbert B. et Raymond S. Ils ont été repérés par un livreur sur sa cibi. "Il entend deux hommes qui sont dans une voiture et qui cherchent à avoir une indication sur le moyen de se rendre à Agen de manière discrète", raconte Vincent Sénécal. Lorsque les deux hommes sont identifiés, leur profil inquiète tout de suite : "Gilbert B. est père de neuf enfants, dont huit filles. Il aurait abusé d'elles, explique-t-il. Et on sait qu'il les avait prêtées un peu à son copain Gilbert." Des faits pour lesquels le duo, aujourd'hui décédé, a été condamné.

Dans l'affaire Marion Wagon, Gilbert B. et Raymond S. ont toujours nié toute implication. Et leur piste est abandonnée en 1997 lorsque les deux juges d'instruction dessaisissent la police au profit des gendarmes. Eux vont s'attarder sur le père de la petite fille. Sans succès : vingt-sept ans après, Marion reste introuvable. Si les parents refusent aujourd'hui de s'exprimer et que la principale piste a été abandonnée, il faut, selon Vincent Sénécal, garder espoir de la retrouver. En 2023, elle aurait fêté ses 37 ans.

Cet épisode a été réalisé en partenariat avec le magazine Le Nouveau Détective.

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