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Affaire Malika Yezid : comment sa nièce a enquêté pour rétablir la vérité sur la mort de la petite fille

PODCAST – Le 24 juin 1973, Malika Yezid, 8 ans, décède à la suite d'une intervention de gendarmes. Cette année est paru le livre "L'Affaire Malika. Généalogie d'un crime policier" (Hors d'atteinte, 2023) écrit par Jennifer Yezid, nièce de la petite fille.

Jennifer Yezid, autrice de "L'affaire Malika Yezid. Généalogie d'un crime policier" (Hors d'Atteinte, 2023).
Crédit : Maïa Mihindou
83. Affaire Malika Yezid : sa nièce raconte l'histoire de la petite fille, morte après une intervention de gendarmes
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Marie Zafimehy
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Jennifer Yezid a 12 ans lorsqu'elle entend parler de sa tante Malika pour la première fois. C'est sa grand-mère, avec qui elle vient de renouer après des années passées à la protection de l'enfance qui lui raconte comment est morte la petite fille à Fresnes en 1973, "année de la haine".

"Mon deuxième prénom est Malika, donc c'était important qu'elle me transmette cette histoire", raconte aujourd'hui Jennifer Yezid dans Les Voix du crime. "Ce jour-là, elle me raconte l'histoire tragique de ma tante qui a été tuée à huit ans lors d'un interrogatoire par un gendarme. Je suis abasourdie, abasourdie !"

Ce jour-là, Jennifer Yezid sait qu'elle doit honorer la mémoire de Malika et se tourne vers sa grand-mère. "Je la regarde dans les yeux, et je lui promets que je ferai quelque chose pour cette petite, pour lui rendre un hommage. Alors, je ne sais pas trop quoi... soit une manifestation ou écrire un livre, parce que j'adore la littérature."

J'ai une frayeur quand j'ouvre la valise et je vois un article de presse avec la photo de ma tante

Jennifer Yezid

Cinquante ans après, c'est chose faite. Jennfier Yezid a publié en 2023 L'affaire Malika. Généalogie d'un crime policier aux éditions Hors d'Atteinte. Elle y raconte, documents à l'appui, ce qu'a vécu la famille Yezid. De la mort de Malika à la suite d'un interrogatoire de gendarmes au domicile familial de Fresnes, aux conséquences dramatiques de cet événement traumatisant.

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Après les confessions de sa grand-mère, Jennifer Yezid a pu compter sur l'héritage que son aïeule lui a légué à sa mort : huit valises, une pour chacune de ses enfants. Celle de Malika est pleine. "Des lettres, des photos, des dessins, des doudous, des chouchous, plein de choses... Ses boucles d'oreilles... En fait, j'ai une frayeur quand j'ouvre la valise et je vois un article de presse avec la photo de ma tante. Je hurle de peur en fait", se souvient l'autrice.

S'en suivent douze ans d'enquête. "Pour écrire le livre, il me fallait un peu d'aide, explique Jennifer Yezid. Et j'ai eu la chance de rencontrer les voisins, les amis de ma mère, la meilleure amie de Malika. Ils m'ont raconté plein de choses, des choses franchement extraordinaires, des choses qui m'ont permis aussi de connaître en fait tous les membres de ma famille."

Quand Malika sort de la chambre, elle est bleue, elle est froide, elle s'est uriné dessus. Elle ne parlera plus jamais.

Jennifer Yezid

Peu à peu l'histoire se dessine. Le 24 juin 1973, Malika est poursuivie par des gendarmes qui recherchent son grand frère Nacer. Ce dernier parvient à s'échapper car la petite fille a réussi à le prévenir. Furieux, les gendarmes s'en prennent à elle et disent vouloir l'interroger chez elle, dans l'appartement familial dont ils ont forcé l'entrée. L'un s'enferme dans une chambre avec elle.

Jennifer Yezid poursuit le récit : "Elle sort, elle a le pantalon directement mouillé. Donc là, ma grand-mère ne comprend pas. Elle dit 'Qu'est-ce qui s'est passé ?' Et elle tombe par terre. Sauf que l'autre gendarme a déjà sorti son arme et menace ma famille. Il y a un traumatisme psychologique parce qu'elle ne parle plus. Quand elle sort de la chambre, elle est bleue, elle est froide, elle s'est urinée dessus. Elle ne parlera plus jamais."

Quatre jours plus tard, Malika Yezid meurt à l'hôpital. Les gendarmes accusent son propre père de l'avoir frappé, une version reprise par la préfecture. En 1976, la justice prononce un non-lieu dans cette affaire. Le père de Malika et grand-père de Jennifer meurt pendant la procédure, sa femme abandonne le combat. S'en suivent des années de placements à la Ddass (aujourd'hui ASE) pour les frères et sœurs de Malika qui connaîtront eux aussi un destin tragique lié au traumatisme de la mort de la petite fille : suicides, overdoses... sur les sept, six sont morts avant 30 ans.

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