ÉDITO - Incendies : "On n’a toujours que 12 Canadairs hors d’âge pour faire face aux feux", déplore Isabelle Saporta

En novembre 2023, le président de la République s’était rendu dans la forêt de Moirans-en-Montagne pour lancer l’opération "Un jeune, un arbre". Mais un an et demi plus tard : la moitié des 150 pousses d’arbres plantées par le Président et les collégiens sont mortes !

Et pourtant elle était belle cette image d’un Président entouré de jeunes pour planter des arbres sur une parcelle ravagée par les incendies d’août 2022. Des incendies pour lesquels on s’était dit : "Plus jamais ça. On sera prêts désormais !" sauf que trois ans plus tard, et malgré l’engagement sans faille des pompiers, on n’a toujours que 12 Canadairs hors d’âge pour faire face aux feux qui ravagent la France cet été. En ce moment, ils paralysent Marseille avec autoroutes coupées, trains à quai, aéroport fermé et population confinée.

Les arbres plantés par le Président devaient résister au changement climatique, mais ce que personne n’avait anticipé, c’est l’appétit vorace des cerfs qui les ont dévorés. Or cette fable du cerf qu’on n'a pas vu venir est à l’image de ce qui se passe dans notre pays. Les inégalités économiques au sommet avec près de 10 millions de Français vivant sous le seuil de pauvreté à cause d’une inflation qu’on ne pouvait certes pas anticiper. Elle est en grande partie liée à la guerre en Ukraine, mais dont on a eu bien du mal à amortir les effets.

Par ailleurs, on assiste à un retour des insecticides tueurs d’abeilles parce qu’on est incapable de se tenir à une feuille de route respectueuse de la nature malgré la disparition de 70% à 80% des insectes au cours des dernières décennies.

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La politique énergétique est au milieu du gué, car on change d’avis comme de chemise sur le nucléaire, sauf que construire des centrales, ça prend du temps. Ainsi, on en est à prolonger les anciennes… Quant à notre volonté d’incarcérer plus de délinquants, elle se heurte à la surpopulation carcérale. Ça aussi ça ne date pas d’hier et pourtant ça n’avance toujours pas. À tel point qu’on en est à installer des places de prison en préfabriqués faute de mieux. Et quant au mur de la dette, on attend sans doute qu’il nous tombe sur la tête. 

La situation politique actuelle n’est pas propice à la prise de décision. L’inaction poussée à l’extrême de ce gouvernement, faute de majorité, agit comme une loupe grossissant toutes nos inactions passées. De changements de caps, en politique de la godille, à chaque fois, on en arrive à la même incapacité de prévoir ce cerf qui va ravager la forêt de nos efforts collectifs.