DOCUMENT RTL - Violeur de la Sambre : "Nous sommes des victimes collatérales", témoigne la femme de Dino Scala

Il aura sévi sans être inquiété pendant une trentaine d'années. Le 5 février 2018, Dino Scala, 57 ans, agresse une jeune fille mineure près de la gare d'Erquelinnes (Belgique) et regagne son véhicule, une Peugeot 206 grise immatriculée en France. À ce moment-là, il ne le sait pas, mais les caméras de surveillance viennent d'enregistrer sa plaque d'immatriculation.

Quelques jours plus tard, le 26 février 2018 au petit matin, il est arrêté au volant, alors qu'il se rend chez Jeumont-Schneider, l'entreprise pour laquelle il travaille en tant que mécanicien. Il est suspecté par les enquêteurs de police judiciaire d'être le "violeur de la Sambre", un homme qui a agressé sexuellement plusieurs dizaines de victimes, de 1988 à 2018, près de cette rivière à cheval entre le nord de la France et la Belgique.

Ce jour-là, sa femme tombe sous le choc. Elle se souvient, en exclusivité pour RTL, du moment où plusieurs policiers débarquent à leur domicile de Pont-sur-Sambre (Nord) : "Là, je vois défiler une quinzaine de policiers en civil. On me met dans le couloir, on m'annonce 'viol'. Je dis : 'non, ce n'est pas possible, vous allez me dire, un viol ?' Pour moi, c'était inimaginable", raconte-t-elle dans Les Voix du Crime.

Nous ne sommes pas responsables, nous sommes des victimes collatérales.

femme de Dino Scala

Face au choc des révélations au sujet de son mari, sa femme raconte avoir été l'une des cibles d'un lynchage médiatique sans précédent. "Vous ne pouvez plus sortir, il y a la presse partout". D'autres membres de sa famille sont victimes d'agressions. "Ils ont agressé mon père (…). Il avait 82 ans. Micro sur la bouche, ils le forçaient à parler", raconte-t-elle. La pression médiatique et les menaces qu'elle reçoit sont telles, qu'elle est forcée de déménager sous protection policière.

Le 10 juin 2022, quatre ans après son interpellation, s'ouvre le procès de Dino Scala à la Cour d'assises du Nord. Un moment que vit très mal sa femme : sa fille enceinte de huit mois vient tout juste d'être la cible de violences sévères. "J'ai pris des coups. Ma fille a pris des coups. On est responsable de rien. Nous ne sommes pas responsable, nous sommes des victimes collatérales", confie-t-elle à RTL au bord des larmes. 

La fin de trente années d'impunité

Le 1ᵉʳ juillet 2022, la femme de Dino Scala se souvient d'un sentiment ambivalent : la naissance de sa petite fille arrive en même temps que la peine de son mari. Ce dernier est condamné à la peine maximale de 20 ans de réclusion criminelle, après avoir été reconnu coupable de 54 des 56 faits de viols et agressions sexuelles commis entre 1988 et 2018, sur des femmes âgées de 13 à 48 ans. Il possédait jusque là un casier judiciaire vierge. 

Aujourd'hui, elle tente de reconstruire sa vie dans l'ombre, portée par l'amour de ses trois enfants et petits-enfants. En avril 2024, trois nouveaux signalements s'ajoutent au dossier du violeur de la Sambre désormais âgé de 63 ans. Une nouvelle enquête est actuellement en cours.

>> Les Voix du crime sont avocats ou avocates, enquêteurs ou enquêtrices, proches de victimes, de suspects ou de coupables. Ces témoins-clefs se confient au micro des journalistes de RTL. Des témoignages inédits, qui apportent un éclairage nouveau sur la justice et les grandes affaires criminelles d’aujourd’hui.


Deux fois par mois, l'une de ces Voix du crime nous raconte son point de vue sur une affaire criminelle. Un podcast RTL.

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