C'est un témoignage exceptionnel et inédit. Gaëlle Bardosse, 51 ans, la juge de Grenoble qui a instruit pendant quatre ans le dossier Maëlys parle pour la première fois. Elle raconte son face-à-face avec Nordahl Lelandais, l'homme qui sera condamné en février 2022 à la réclusion criminel à perpétuité pour le meurtre de Maëlys.
Elle évoque aussi la pression médiatique terrible à laquelle elle va devoir résister. Cette affaire criminelle hors norme qui a passionné toute la France a débuté en août 2017 avec la disparition d'une fille de 8 ans lors d'une soirée de mariage à Pont-de-Beauvoisin(Isère).
Très vite, un suspect, Nordahl Lelandais, un ex-militaire de 34 ans, est interpellé. Mais devant la juge, il va nier farouchement être impliqué dans la disparition de Maëlys. Assistée de deux autres collègues, Gaëlle Bardosse va alors chercher pendant six mois l'élément qui pourrait le confondre. Et c'est sous son impulsion que le dossier va basculer.
La magistrate raconte ce moment clé où elle insiste auprès d'un expert de la gendarmerie pour qu'une nouvelle expertise du coffre de la voiture de Lelandais soit réalisée. "Le jour où l'expert m'a appelée pour me dire que l'on a retrouvé une minuscule goutte de sang avec l'ADN de Maëlys, c'est un grand moment que je n'oublierai jamais. C'est la preuve irréfutable", confie-t-elle.
La juge évoque les aveux de Nordahl Lelandais, contraint alors de reconnaître que c'est bien lui qui a tué Maëlys. Même s'il minimise sa responsabilité en parlant "d'accident". Gaëlle Bardosse revient également sur ce déplacement dans le massif de la Chartreuse avec Nordahl Lelandais qui va enfin lui indiquer où se trouve le corps de Maëlys. "Il était effondré. il est tombé à genoux. Il pleurait. Il disait qu'il s'excusait, qu'il s'en voulait", explique la juge
La magistrate se souvient également d'un moment glaçant lors de la reconstitution de la nuit du drame. Lorsqu'elle demande à Lelandais de reproduire sur un mannequin, les coups de poings assénés au visage de Maëlys : "On ne s'attend pas à une telle violence. On va rester dans un silence sidéré. Il y a une force, une violence terrible. On s'imagine alors ce qu'a pu vivre Maëlys".
La juge Gaëlle Bardosse estime être allée au bout de ce qu'elle pouvait faire dans ce dossier, même si elle n'a pu obtenir la preuve d'une possible agression sexuelle de Maëlys comme mobile du meurtre de l'enfant.
La juge retient surtout "le soulagement d'avoir pu rendre Maëlys à ses parents" mais aussi le fait d'avoir mené ce dossier jusqu'à son terme, malgré l'énorme pression médiatique qui pesait sur ses épaules. L'affaire Maëlys restera pour la juge Bardosse le dossier de sa vie.