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Disparition de Sophie Le Tan : retour sur un an de recherches et d'interrogations

Sophie Le Tan, 19 ans, a disparu il y a tout juste un an. Son corps n'a jamais été retrouvé et le principal suspect dans cette affaire, Jean-Marc Reiser, nie toute implication. Pour la famille de la jeune femme, le travail de deuil est impossible.

Des photos de Sophie Le Tan avaient été placées en hommage à l'entrée de l'immeuble du suspect
Des photos de Sophie Le Tan avaient été placées en hommage à l'entrée de l'immeuble du suspect
Crédit : FREDERICK FLORIN / AFP
Eléanor Douet & AFP
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Il y a un an disparaissait Sophie Le Tan. Depuis, le corps de la jeune femme n'a jamais été retrouvé et le principal suspect, Jean-Marc Reiser nie en bloc l'avoir tuée.

Ce 7 septembre 2018, cette étudiante de 19 ans sans histoire est toujours à la recherche d'un nouvel appartement avant la rentrée universitaire. Elle répond alors à l'annonce d'un particulier pour un logement à Schiltigheim, dans l'agglomération de Strasbourg, et convient d'un rendez-vous pour le visiter un vendredi matin. Depuis, plus de nouvelles.

Sa famille s'inquiète rapidement de ne pouvoir joindre celle qui est attendue au restaurant pour fêter son anniversaire et un appel à témoins est lancé par la police pour retrouver la jeune femme de 1,55 m aux cheveux et aux yeux bruns foncés.

L'évocation de la visite d'appartement interpelle deux autres jeunes femmes, qui ont répondu à la même annonce. Personne ne s'était présenté au rendez-vous : contrairement à Sophie, elles n'étaient pas venues seules.

Une semaine après la disparition, la police arrête l'auteur de l'annonce, Jean-Marc Reiser, 58 ans, déjà condamné pour viols et acquitté au bénéfice du doute après la disparition dans les années 1980 d'une jeune VRP jamais retrouvée. Repéré notamment par ses données téléphoniques, cet homme diplômé, alors sans profession et décrit comme solitaire, a été mis en examen pour assassinat, enlèvement et séquestration.

Son domicile a été perquisitionné à deux reprises, la dernière fois en juin. Lors de cette perquisition, des traces de sang effacées intentionnellement ont été repérées en plusieurs endroits dans l'appartement, mais aussi sur le manche d'une scie saisie dans la cave et sur des chaussures et une veste lui appartenant. 

Reiser maintient sa version

Jean-Marc Reiser a d'abord nié avoir vu Sophie Le Tan, avant d'admettre, confronté aux éléments matériels, qu'elle était venue chez luiIl soutient l'avoir soignée pour une blessure à la main avant qu'elle ne reparte. Son dernier interrogatoire par la juge d'instruction de Strasbourg chargée du dossier remonte à fin mars : le quinquagénaire avait de nouveau clamé son innocence.

"Il n'a pas modifié ces explications ou sa version, c'est toujours la même", indique son avocat, Me Pierre Giuriato, évoquant "quelqu'un de très procédurier, de très réfléchi", très concentré sur la préparation de sa défense.

En quartier d'isolement à la maison d'arrêt de Strasbourg depuis presque un an, Jean-Marc Reiser a vu mercredi 4 septembre sa détention provisoire être prolongée de six mois. Il devrait être réinterrogé prochainement à propos des derniers éléments trouvés, comme les traces de sang sur ses chaussures.

Le parquet de Strasbourg ne veut pas s'exprimer sur "l'instruction judiciaire en cours". Une source policière précise toutefois qu'après avoir passé au peigne fin pendant des semaines les alentours, les "battues physiques" ont cessé mais que "les recherches ne s'arrêtent pas", se concentrant sur la quête de nouveaux témoignages et éléments d'informations.

Un procès pourrait avoir lieu en 2021

Six enquêteurs de la Direction interrégionale de la police judiciaire (DIPJ), aidés de la police technique et scientifique, travaillent encore sur la disparition de Sophie Le Tan, aux côtés de l'Office central pour la répression des violences aux personnes (OCRVP) qui fouille plus particulièrement le passé de Jean-Marc Reiser.

Même sans cadavre, l'instruction judiciaire pourrait être bouclée courant 2020, avancent les avocats, ce qui ouvrirait la voie à un procès aux assises en 2021. "Ce n'est pas parce qu'il n'y a pas le corps de Sophie qu'il ne sera pas condamné", estime Me Gérard Welzer, l'avocat de la famille.

Mais pour ses proches, les questions restent douloureusement sans réponse. "Ils sont détruits, d'autant plus que le supplice infligé par Reiser, ce n'est pas seulement la disparition de Sophie mais le fait de nier l'évidence et de ne pas dire où est Sophie", poursuit leur