Il a gardé le silence pendant 79 ans, mais au crépuscule de sa vie, le fardeau était devenu trop lourd. Edmond Réveil, ancien résistant de 98 ans, a levé le voile sur un massacre gardé jusqu’ici secret : l’exécution le 12 juin 1944 d’une quarantaine de soldats allemands de la Wehrmacht, ainsi que d’une femme française de la Gestapo, par ses frères d’armes à Meymac, en Corrèze. Cette terrible histoire de la Seconde Guerre mondiale, inconnue jusqu’ici, a été révélée dans le Parisien et la Montagne, dans des articles parus lundi 15 mai.
Edmond Réveil, qui a refusé de participer à la tuerie, a également témoigné mardi 16 mai sur RTL. "Il fallait que ça se sache", a-t-il confié. Mais l'ancien résistant refuse de condamner son groupe de résistants des FTP (Francs-tireurs partisans), alors que les Allemands avaient pendu 99 habitants quelques jours plus tôt à Tulle. "On ne pouvait pas faire autrement. Je n’ai rien contre les Allemands, c’était la guerre. C’était eux ou nous."
Le 12 juin 1944, Edmond Réveil n'a que 18 ans quand il assiste à l’exécution par balles de 47 prisonniers, tués un à un puis abandonnés dans une fosse commune que les victimes avaient elles-mêmes creusée. L’ancien résistant n’a rien oublié de cette journée, avec une chaleur pesante et surtout l'angoisse autour du sort à réserver à ces prisonniers. Ces derniers, capturés à Tulle par les Francs tireurs partisans, ont ensuite été envoyés par les résistants à travers les bois sur plus de 70 km. Nul ne savait vraiment quoi faire d’eux, jusqu’à ce qu'un groupement interallié basé en Corrèze ne donne l'ordre de les exécuter.
Le chef de section, un Alsacien, fond en larmes et annonce aux prisonniers la sentence, en allemand. Il demande alors des volontaires pour procéder aux exécutions. "Sur les 54 prisonniers qui étaient présents, on a retiré les sept qui n’étaient pas allemands. C’était des Tchèques ou des Polonais (qui ont été envoyés à la MOI, main d'œuvre immigrée, ndlr)", se rappelle Edmond Réveil. Mais l'ancien résistant refuse de passer à l'acte, "comme quatre ou cinq" de ses frères d'arme. Les prisonniers sont ensuite exécutés, un par un. "Ils ont été enterrés et on a mis de la chaux dessus. C’est resté secret jusqu’ici."
C’est un mystère qui pourrait prendre fin, même si en 1967 onze corps avaient été exhumés à quelques mètres du bosquet et du lieu-dit indiqués par Edmond Réveil. Mais ni la presse de l’époque ni les archives municipales de Meymac n’en avaient fait mention. Des fouilles vont désormais être organisées avec un géoradar courant juin, via le VDK, le service pour l’entretien des sépultures de militaires allemands des deux guerres mondiales.
Cette association, créée en 1919, espère que les corps seront exhumés durant l’été. "Dans un deuxième temps, les corps seront enterrés soit au cimetière de Berneuil, qui est un cimetière allemand sur le territoire français. Soit ils seront enterrés en Allemagne, selon ce que les familles décideront", précise Philippe Brugère, le maire de Meymac. "C’est tout à fait légitime que les corps soient rendus à leur patrie et à leurs familles."
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