"Le béton est moins cher que les poitrines". C'est avec ces mots d’André Maginot que RTL vous emmène à la redécouverte de la ligne qui porte son nom et qui revient brutalement dans l'actualité depuis que l'Europe est entrée dans une nouvelle guerre en Ukraine.
Les soldats qui découvrent la ligne Maginot dans les années 40 n’en reviennent pas : ce monde souterrain ne ressemble à rien de ce qu’ils ont connu, surtout dans une France encore très rurale à l’époque ; une fois passé l’entrée bétonnée, c’est un autre univers qu’ils découvrent. Encore une fois, il faut économiser les soldats, la France n’en a pas beaucoup contrairement à l’Allemagne qui va commencer à se réarmer ; on va donc compenser le nombre par le progrès ; avec toujours en mémoire les atrocités de 14-18, les tranchées, la vermine, le froid, la soif, les maladies, les obus. Un ouvrage de la ligne Maginot est donc d’abord un cocon où les hommes pourront vivre sans dommage même pendant les combats, avec tout ce qu’il faut pour subsister en autonomie et totalement coupés de l’extérieur.
En cas de combat, les rares portes blindées sont fermées, et la troupe se retrouve à l’abri, comme dans un navire de guerre, voilà pourquoi on a pu parler pour les grands ouvrages de sous-marins immobiles ou de cuirassés enterrés. Très vite d’ailleurs les hommes se rendent compte de cette particularité unique, et c’est littéralement le fonctionnement de la marine qui va être rapidement adopté.
On fonctionne par quarts, comme sur les bateaux ; ce n'est pas le régiment, mais l'équipage de l'ouvrage ; ce n'est pas le commandant mais le pacha ; les pachas des grands ouvrages vont d’ailleurs faire des stages sur les grands navires de la Royale au départ de Brest ou de Toulon avant de prendre le commandement de leur fort.
Car il va falloir apprendre à se servir de ce nouveau système d’arme, convoyer les munitions, alimenter les monte-charges, apprendre à observer, donner les ordres de tir, orienter les canons, monter et descendre les tourelles éclipsables, être efficaces et précis ; ce sera le rôle d’une nouvelle section de l’armée française.
Les Rif, régiments d’infanterie de forteresse, et les Rap, régiments d’artillerie de position, vont apprendre à manœuvrer leur navire immobile ; un navire de guerre pour être autonome doit avoir ses propres moteurs, c’est exactement le cas du Hackenberg, où il y a une salle des machines.
C’est Alain l’électromécanicien qui veille sur les 4 énormes propulseurs, des moteurs de péniche qui fonctionnent parfaitement encore aujourd'hui. Les moteurs font tourner des alternateurs qui produisent du courant, on se débranche du réseau extérieur d’EDF, le Hackenberg est autonome.
L’autre grande hantise dans la ligne Maginot, ce sont les gaz, encore le terrible souvenir de la guerre chimique en 14-18 ; tous les gros ouvrages sont donc en surpression d’air pour aider à chasser d’éventuelles émanations ; pendant les combats ils peuvent être rendus totalement étanches, et on allume d’énormes ventilateurs pour renouveler de l’air qui sera insufflé dans une batterie de filtres.
Ce système permet un autre avantage : le confort des soldats, qui peuvent combattre sans porter de masques à gaz.
Une troupe qui est efficace, c’est une troupe qui a le moral, et le moral en France, on l’entretient par la tablée ; les soldats de la ligne Maginot vont donc manger bon, là encore grâce au progrès ; et toujours pour faire des économies d’homme, le progrès ultime va se nicher jusque dans les cuisines. Cuiseurs sous pressions électriques, fours, hottes aspirantes, chambres froides, et jusqu'à l'éplucheuse à patates qui supprime la corvée de pluches pour des dizaines d'hommes qui peuvent faire autre chose...On mange bon, et on mange chaud ; les repas sont transportés dans des cantines thermos par le train dans tout l'ouvrage.
Des soldats efficaces ce sont des soldats qui ont bien mangé et qui sont en bonne santé, là aussi tout est prévu ; hôpital, cabinet dentaire, appareils de radio, eau chaude sanitaire pour l'hygiène collective, tout ceci n'existe pas dans les logements de base des français de l'époque mais se retrouve dans la ligne Maginot.
Josephine Baker, Maurice Chevalier, on joue les tubes du moment dans le théâtre improvisé les samedis soir, pour tuer le temps entre les entraînements, pour conjurer aussi la bétonite, cette dépression liée à l’enfermement dont le nom est inventé dans la ligne Maginot où certains soldats vivent mal cette existence de reclus.
En 1939, la déclaration de guerre va balayer tous ces menus problèmes ; c’est le branle-bas dans les navires immobiles tout le long de la ligne Maginot, les hommes vont pouvoir montrer ce qu’ils savent faire, pour cela ils devront attendre mai 1940 et la ligne connaîtra des baptêmes du feu constrastés, tantôt victorieux, tantôt tragiques, mais ça, ce sera pour le prochain épisode.
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