Dix-neuf ans et quarante-neuf jours. Une traque sans relâche et hautement symbolique. La police française n'aura jamais abandonné "Le Chacal", un terroriste qui a fait trembler la France et l'Europe pendant les années 1970 et 1980. Des efforts surhumains auront été mobilisés pour le retrouver d'abord, puis pour le ramener en France, car le meurtrier vénézuélien Carlos échappera sans cesse aux forces de l'ordre.
La longue carrière criminelle de Carlos en France débutera par un véritable bain sang en juin 1975. Dans un immeuble de la rue Toullier, à Paris, des policiers, le commissaire Jean Herranz et l'inspecteur Raymond Dous, interrompent une fête. Ils sont à la recherche d'un homme dont il ne possède qu'une photo, fournie par un libanais, Michel Moukarbal, son ancien complice, présent aux côtés des forces de l'ordre dans l'appartement. Alors que Michel pointe du doigt l'homme recherché, ce dernier ce saisi d'un pistolet et tue sur le coup le libanais ainsi que les inspecteurs Raymond Dous et Jean Donatini.
Après ce carnage, toutes les polices de France se mobilisent. Ils dénichent rapidement la véritable identité du meurtrier : Ilich Ramírez Sánchez, surnommé Carlos, un Vénézuélien de 26 ans, dont les grenades correspondent à celles utilisées lors d'une tentative d'attentat à l'aéroport d'Orly et au Drugstore Saint-Germain, qui avait fait deux morts et 34 blessés. Échappant à la police, Carlos allonge sa liste de crime en 1975, avec la séquestration de onze ministres de l'OPEP à Vienne, en Autriche, coûtant la vie à trois personnes.
Après le bain de sang de la rue Toullier, le terroriste aux idées révolutionnaires est devenu une cible prioritaire pour les services français, en particulier le SDECE, qui deviendra plus tard la DGSE. Il est pendant un temps hébergé et protégé par l'Algérie, puis apparaît successivement à Malte, en Yougoslavie, en Suisse, en Angleterre, au Liban et au Yémen. Le groupe de Carlos ne réapparaîtra en France qu'en 1982, après une série d'attentats faisant une dizaine de morts. Désormais, la signature Carlos est devenue celle de la terreur.
Près de vingt ans après l'horreur de la rue Toullier qui a marqué à tout jamais la police française, l'impitoyable meurtrier vénézuélien est retrouvé au Soudan, où il est protégé et passe incognito. Après une chasse de longue haleine, les inspecteurs français attendront le moment propice pour le kidnapper sous le nez des gardes du corps soudanais : après une opération à l'hôpital. "Bien joué", félicitera-t-il les services français de la DST, la direction de la Surveillance du territoire, lors de sa capture.
Entre 1997 et 2021, "le Chacal", surnom attribué notamment par les enquêteurs, a été condamné à la prison à perpétuité à quatre reprises pour l'ensemble de ses meurtres et attentats. Lors des audiences, il s'était dit "fier de son parcours révolutionnaire" et s'était vanté, en levant le poing, d'avoir "tué 83 personnes au moins". Il restera gravé dans l'Histoire comme l'un des terroristes les plus tristement célèbre. "Durant 20 ans, la DST n'a jamais baissé les bras", ajoute même Michel Guérin, inspecteur général honoraire de la Police nationale et ancien de la DST.
- Etienne Augris, Agrégé d’histoire et professeur d’histoire-géographie, auteur du livre Philippe Rondot, maître espion, biographie paru aux éditions du Nouveau Monde
- Michel Guérin, inspecteur général honoraire de la Police nationale et ancien de la DST. Il est l’auteur du livre Dictionnaire renseigné de l’espionnage de Sun Tzu à James Bond aux éditions Mareuil
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