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L'épave du Bugaled Breizh dans la base navale de Brest (archives).
Crédit : MARCEL MOCHET / AFP
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Plus de 20 ans après, le naufrage du Bugaled Breizh reste un mystère. Le 15 janvier 2004, en pleine campagne de pêche au sud des côtes anglaises, le chalutier a coulé en 37 secondes, emportant ses cinq marins. La mer était agitée, mais navigable.
Le naufrage a été si rapide que la cale à poissons a implosé sous la pression de l’eau. Le navire a été retrouvé déformé, avec des dommages sur les deux côtés de la coque. Les experts sont divisés sur l’origine de ces déformations. Pour les familles, ces dégâts sont la confirmation d’un accrochage avec un sous-marin. Un submersible aurait pu couler le Bugaled Breizh en s’accrochant à son câble bâbord.
Ce qui renforce la conviction des proches, c'est la rapidité avec laquelle le chalutier a coulé, en moins d'une minute : "Vous faites une expérience avec une bouteille dans une baignoire, pour la faire descendre aussi vite, il faut forcément qu'elle soit tractée pour qu'elle s'écrase", avance Thierry Lemétayer, le fils de l'une des victimes.
Ce jour-là, deux exercices militaires avaient lieu au large de la Cornouailles : l’ASWEX04 de l’OTAN et le Thursday War britannique. Un sous-marin anglais, le Turbulent, participait à l’exercice de l’Otan. Sa mission était d'infiltrer l’exercice sans révéler sa présence. Le jour du naufrage, il a émis des messages d’avarie et se trouvait dans la zone d'accident. Mais la Royal Navy a toujours refusé de communiquer des documents et explique n'avoir pas participé aux exercices ce jour-là.
L’avocat de Thierry Lemétayer, fils d’une victime, s’étonne de l’omerta qui règne sur le dossier. "Des journaux de bord et de navigation de certains bâtiments français ont même été placés sous scellés en catimini au greffe du tribunal. C’est rarissime. C’est la preuve que cette affaire embête le pouvoir", affirme Maître Dominique Tricaud.
Le bureau enquête accident en mer rend son rapport en novembre 2006. Les experts excluent la piste du sous-marin, attribuant la tragédie à un accident de chalutage, une "croche molle". En clair, l’un des filets se serait pris dans une dune de sable. De nombreux spécialistes sont sceptiques. Un patron pêcheur témoigne dans Libération : "Une croche molle, cela arrive parfois, mais on manœuvre. Ça ne fait pas plonger un bateau de cette façon."
Le 27 mai 2014, la cour d’appel de Rennes délivre un non-lieu, les juges étant incapables de déterminer les causes de la tragédie, aucun bâtiment suspect n'ayant été identifié. Le 4 octobre 2021, une enquête est ouverte à Londres après que les corps de deux marins ont été repêchés et déposés sur le sol anglais. Mais elle conclut que rien n’indique l'implication d’un sous-marin. L'enquête est close.
Dix-neuf ans après le drame, la déconstruction du Bugaled Breizh commence à la base navale de Brest. Le chalutier n'étant plus un scellé judiciaire, seuls quelques objets sont remis aux familles. En cinq jours, l'épave disparaît, laissant le mystère entier.
- Thierry Lemétayer, fils de Georges Lemétayer.
- Pascal Bodéré, journaliste au Télégramme et auteur de l’ouvrage Bugaled Breizh : l’enquête, publié aux éditions Le Télégramme.
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