Action directe est un groupe révolutionnaire qui a fait trembler les institutions dans les années 80. Si au départ, ils revendiquent de nombreux mitraillages de façades d'institutions et des braquages de banques, le groupe opère un changement de cap. En 1985, ils commettent un assassinat, celui d'un militaire de haut rang, le général Audran. Un véritable échec pour les policiers qui, depuis des mois, multipliaient les planques, filatures et interpellations de suspects.
Un an plus tard, le 17 novembre 1986, c'est l'action de trop. Il est 20h25, quand le PDG de la Régie Renault, Georges Besse, est déposé par son chauffeur boulevard Edgard Quinet, dans le 14ᵉ arrondissement de Paris. Il n'a qu'une cinquantaine de mètres à parcourir pour rejoindre son domicile.
Mais le patron de Renault est alors rattrapé par deux femmes armées. L'une d'elles lui tire dessus et Georges Besse s'effondre tandis que l'autre, juste à côté, tient à distance un commerçant. Puis, elles s'enfuient en emportant la serviette en cuir du dirigeant.
Un paquet de tracts, retrouvés à la station de métro Raspail, revendiquent la mort du PDG de Renault. Ils portent l'étoile à cinq branches d’Action directe.
"Ce qui fait la force d'Action directe, c'est qu'ils ont une culture de la clandestinité qui remonte à la fin des années 70. Ça fait de très nombreuses années que ce sont des militants politiques issus de la période 1968, avec des groupuscules qui vont se former autour d'actions violentes", explique Richard Schittly, journaliste et auteur d'un ouvrage sur le sujet, pour L'Heure du crime, pour RTL.
Charles Pasqua, ministre de l'Intérieur, est obsédé par les terroristes d'Action Directe. Il demande à tous les services de police de travailler sur le dossier. Les photos des membres de l'organisation sont affichés dans les commissariats. Et la traque commence à donner quelques résultats. André Olivier, 41 ans, animateur de la branche lyonnaise d’Action Directe, surnommé Raymond la Science, est arrêté lors d'un contrôle de circulation à Lyon. Dans l’auto, il avait à portée de main un pistolet mitrailleur prêt à faire feu.
S'il n'y avait pas eu ma fille avec moi, je vous tirais dessus, je rafalais !
André Olivier, surnommé Raymond la Science
Mais cela ne suffit pas. Une information va finir par arriver et va conduire la police à une planque des plus tranquilles. Deux témoins ont alerté la police sur le couple discret qui vit depuis deux ans et demi dans une ferme à Vitry-aux-Loges, dans le Loiret. Jeudi 19 février 1987, le commissaire Claude Bardon est en planque avec d'autres policiers, tous cachés dans une fermette délabrée. Dans la campagne enneigée, ils observent le bâtiment voisin.
"À la jumelle, on voyait que la femme élevait des hamsters. La fiche de recherche de Nathalie Ménigon indiquait qu'elle se passionnait pour ces petits animaux" racontera un enquêteur. Quant à l'homme, bien qu'il se soit empâté, il ressemble à Jean-Marc Rouillan.
Deux jours plus tard, les policiers du Raid s'approchent à pas feutrés, dans la nuit épaisse. Ils savent que les locataires sont armés et au nombre de quatre. Les policiers font claquer une rafale de mitraillette. La porte est défoncée. Jean-Marc Rouillan est le premier arrêté. Suivent Nathalie Ménigon mais aussi Joëlle Aubron, soupçonnée d'avoir assassiné le PDG de Renault et Georges Cipriani, militant de la première heure. Des armes et de l'argent sont retrouvées ainsi que des morceaux de la serviette en cuir de Georges Besse. Nathalie Ménigon les aurait donné à manger à ses hamsters.
Les policiers feront une curieuse découverte : une des chambres de la ferme est transformée en cachot. Action Directe avait l'intention d'enlever une personnalité, la juger et peut-être l'échanger contre un militant emprisonné. Le grand patron de presse du moment, Robert Hersant, semblait être la cible choisie.
Lundi 9 janvier 1989, les quatre militants comparaissent devant la Cour spéciale de la Seine à Paris, jugés pour l'assassinat de Georges Besse. Les accusés qui prennent leur procès à la légère. Ils refusent de répondre sur leur passé, leurs vies, leurs faits d'armes. La mort de Georges Besse est présentée comme un acte de "guérilla prolétarienne". Après six jours de procès, les accusés sont tous condamnés à la même peine : perpétuité assortie d'une peine de sûreté de 18 ans.
Lundi 14 octobre 2024, le Lyonnais André Olivier, 81 ans, est le tout dernier militant d'Action Directe à retrouver la liberté. L'ancien professeur de français, théoricien enragé de la révolution, aura passé 38 années passées en détention.
- Richard Schittly, journaliste et correspondant pour Le Monde à Lyon. Il est l'auteur de l’ouvrage : Les Oubliés d’Action directe publiée aux éditions La Manufacture de livres.
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