Dimanche 13 novembre 2022, 11h58 du matin, la police de la petite ville de Moscow, dans l'Idaho, est appelée pour un problème. Au téléphone, Dylan Mortensen, 20 ans, étudiante, s’exprime d’une voix apeurée. "Une de nos colocataires est évanouie. Elle a bu hier soir, elle était ivre, elle ne s'est toujours pas réveillée. Venez s’il vous plaît." La jeune femme, confuse, ajoute: "On a vu un type dans la maison pendant la nuit." Les policiers sont intrigués. Ils se rendent sur place.
Reçus par Dylan et une autre étudiante, Bethany Funke, les deux filles sont comme glacées. Elles n'ont pas osé visiter les chambres des autres colocataires. Les agents pénètrent prudemment dans une maison silencieuse et sans désordre.
Ils y trouvent vite des cadavres, ceux de trois filles et un garçon. Les quatre étudiants ont été tués à l'arme blanche de quatorze coups mortels au total. Un étui de couteau en cuir portant le sigle des US Marines a été abandonné sur un lit.
La police examine les images des caméras de vidéosurveillance de la ville. Une voiture blanche, une berline Hyundai Elantra, est aperçue à plusieurs reprises dans le quartier. La plaque est illisible. À force de recoupements, la voiture est signalée sur un parking de la ville voisine.
Le propriétaire de la voiture est un certain Bryan Kohberger, 28 ans. "Il ne connait pas les victimes personnellement. Par contre, ce que les enquêteurs et le procureur ont découvert par la suite, c'est qu'il est végan. Il a été dans un restaurant qui servait des pizzas végan où travaillait Madison et Xana (deux des victimes) et elles y étaient serveuses. Il les suivait également sur Instagram. Les procureurs ont souligné qu'il avait contacté l'une d'entre elles à de nombreuses reprises par message privé, mais elle ne lui a jamais répondu", détaille Emily Tibbats, spécialiste des tueurs en série pour L'Heure du crime sur RTL.
Bryan est présenté comme un brillant étudiant en criminologie, diplômé en psychologie. Il a également rédigé une étude intitulée : "Comprendre comment les émotions influencent la prise de décision au moment de commettre un crime." Dans des messages sur un site de discussion, il se dépeignait à l’époque comme suicidaire, incapable de ressentir des émotions, vivant comme dans un jeu vidéo.
Quand j'embrasse ma famille, je regarde leurs visages, je ne vois rien. Je n'ai pas d'émotion, pas d'avis sur rien.
Bryan Kohberger
Ceux qui ont côtoyé Kohberger le décrivent comme un individu anxieux et isolé. Quatre ans avant la tuerie, il a écrit qu'il aimerait participer à la traque et à l'arrestation de tueurs violents. "Je songe de plus en plus à m'occuper de ces criminels. Devenir leur conseiller" mentionne-t-il.
Les enquêteurs surveillent le jeune homme. Alors que toute la famille s'absente pour aller faire des courses, un enquêteur se précipite pour aller fouiller la poubelle. Des gobelets et des récipients sont emportés, envoyés à un laboratoire. Les experts indiquent qu'un ADN masculin prélevé dans la poubelle correspond à 99,9 % à celui retrouvé sur l'étui à couteau oublié sur la scène de crime.
"On sait que huit mois avant les quatre meurtres, il commande sur un site internet un couteau, un étui, une petite pierre pour aiguiser la lame et une cagoule. On sait aussi que deux semaines après les quatre meurtres, il va recommander le même couteau et le même modèle d'étui. Pourquoi faire ? Ça, on ne le sait pas pour le moment", souligne Georges Brenier, journaliste police-justice chez TF1.
Du lundi 11 août au vendredi 7 novembre 2025, Bryan Kohberger, qui aura alors 31 ans, va comparaître devant un tribunal pour y être jugé. Ses avocats font valoir qu’il ne peut en aucun cas être condamné à la peine de mort, car il souffre d'une forme d'autisme et de troubles mentaux récemment diagnostiqués par un neuropsychologue.
- Emily Tibbats, spécialiste des tueurs en série et créatrice du site internet : tueurensérie.org. Elle est l'autrice du livre : UK Serial Killer : le livre noir des tueurs en série britanniques, publié aux éditions Ring.
- Georges Brenier, journaliste police-justice chez TF1.
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