Des révélations glaçantes et déconcertantes. Le Parisien révèle ce vendredi 10 janvier une série de discussions que Salah Abdeslam a eues avec ses codétenus de la prison de Bruges, au printemps 2016, peu de temps après son arrestation le 18 mars. Des confidences qui nous éclairent un peu plus sur la personnalité de celui qui est l'unique survivant des commandos du 13 novembre 2015.
Celui qui n'a quasiment jamais rien voulu dire devant les enquêteurs et les juges et qui est même resté mutique lors des derniers interrogatoires s'est retrouvé sur écoute par la sûreté de l'État belge, l'équivalent du renseignement intérieur. Dans cette série de discussions, Salah Abdeslam s'adresse à Medhi Nemmouche, l'auteur de l'attentat du musée juif de Bruxelles le 24 mai 2014, et Mohamed Bakkali qui lui est soupçonné d’être un des logisticiens des attentats de Paris.
Dans un mélange de français et d'arabe, Salah Abdeslam raconte notamment sa soirée du 13 novembre 2015. Il évoque notamment la manière dont il a pris la fuite vers Châtillon après avoir déposé trois kamikazes au stade de France et abandonné sa voiture dans le XVIIIe arrondissement de Paris.
Lors de cette nuit macabre, qui a fait 131 morts et plus de 450 blessés, l'homme qui est actuellement incarcéré à la maison d'arrêt de Fleury-Mérogis explique s’être aperçu que son arsenal était trop voyant en demandant un renseignement à un passant dans la rue, avant de se débarrasser de sa ceinture d'explosif, à Montrouge.
Sur un ton toujours aussi léger, le détenu décrit la fin de la soirée du 13 novembre dans une cage d'escalier d'un immeuble de Châtillon puis son exfiltration, à l'aube, par deux complices vers la Belgique. Il dit d'ailleurs avoir pris peur devant le déploiement des forces de l'ordre et raconte un épisode à peine croyable où, au troisième barrage, il explique avoir été interviewé par une chaîne de télévision belge.
La journaliste présente sur place lui demande s'il trouve normal qu'il y ait des barrages comme ça, ce à quoi il répond : "Bah oui c'est normal, vu les circonstances. Il faut bien renforcer les barrages". Dernier élément enfin de ces écoutes, Salah Abdeslam évoque son interpellation à Bruxelles et s’inquiète à l'idée qu'une lettre rédigée par ses soins puisse tomber entre les mains de la police. Dans cette lettre, il dit avoir prêté allégeance à Daesh et s’être engagé par écrit à faire la guerre. Celle-ci n'a jamais été retrouvée par les enquêteurs.