L'homme qui a semé l'effroi en attaquant des passants au niveau du pont de Bir-Hakeim samedi est déjà connu de la justice antiterroriste. L'assaillant, Armand Rajabpour-Miyandoab, est un Français de 26 ans d'origine iranienne. Il a déjà été condamné en mars 2018 à cinq ans de prison dont un avec sursis pour "participation à une association de malfaiteurs en vue de la préparation d'un acte de terrorisme".
RTL s'est procuré le jugement de l'affaire. On lui reproche d'avoir consulté et stocké de la documentation djihadiste, comme des "documents de propagande de l’État islamique", notamment des vidéos de décapitation. Le jeune homme avait également pour projet de rejoindre les rangs de Daech en zone irako-syrienne, dont "il partageait pleinement l'idéologie et les méthodes", "afin de participer aux actions menées par ce groupe".
Au moment de son interpellation en 2016, Armand Rajabpour-Miyandoab était encore étudiant en biologie et inconnu de la justice. Ses deux parents, iraniens, non-musulmans, ont fui le régime pour s'installer en France dans les années 1980.
Le nom du jeune homme est apparu dans une enquête sur Maximilien Thibaut, djihadiste parti en zone irako-syrienne avec sa famille. Selon des renseignements de la DGSI, le djihadiste avait pris contact avec Armand Rajabpour-Miyandoab, converti à l'islam rigoriste, "afin de l'inciter à commettre une action violente sur le territoire national". Il a rencontré le djihadiste en 2015 sur un site spécialisé dans la photo de graffitis, la passion du jeune homme. Maximilien Thibaut aurait été un "accélérateur" de la conversion d'Armand Rajabpour-Miyandoab.
Le jeune homme a donc été interpellé et placé en détention provisoire en 2016 dans la foulée de ces renseignements obtenus par la DGSI, quelques jours seulement après l'attentat de Saint-Étienne-du-Rouvray, à l'origine du décès du père Jacques Hamel. Chez lui, on a retrouvé du matériel informatique.
Après exploration de leur contenu, les enquêteurs ont découvert qu'il avait des liens avec "trois terroristes récidivistes". Maximilien Thibaut, cité plus haut, mais aussi avec Larossi Aballa, l'assassin des policiers de Magnanville, avec qui il était ami sur Facebook, bien qu'aucun échange n'ait été retrouvé entre eux. Il avait également déjà discuté avec Adel Kermiche, l'assassin du père Hamel, mais les conversations n'avaient pas de rapport avec la préparation du futur attentat de Saint-Étienne-du-Rouvray.
En 2016, à l'incitation de Maximilien Thibaut, Armand Rajabpour-Miyandoab considère partir en Irak. "Son but était alors de 'partir pour ne plus revenir, partir pour mourir (...) prendre une balle ou rester vivre là-bas '", détaille le jugement consulté par RTL.
Dès ses premières auditions, le jeune homme affirme être tombé dans l'islam rigoriste et politique, mais avoir "tout quitté" en mai 2016 : "J'ai réussi à m'en sortir tout seul", affirmait-il. Il évoque, pendant l'audience de son procès, être en "processus de déradicalisation" depuis cette époque. Pourtant, des échanges retrouvés sur les réseaux sociaux attestent du contraire : en juillet 2016, il justifiait sur Twitter des attaques terroristes commises au nom de l’État islamique, tandis que sur Facebook, il s'en prend aux "kouffars" (mécréants). Les enquêteurs et la justice sont sceptiques. Il continuera à soutenir qu'il n'a jamais eu l'intention de commettre une action violente en France.
Lors du procès, les parents d'Armand sont dévastés. Sa mère pense qu'il a été manipulé, et décrit un "enfant timide, réservé, psychologiquement faible, facilement manipulable, solitaire". Elle dit l'avoir élevé "dans un esprit humaniste, dans le respect des lois et des religions". Ses parents ont très mal vécu sa conversion à l'islam en 2015, "du jour au lendemain". Sa maman pense qu'il a rejoint une "secte" comme l’État islamique.
S'il n'a jamais évoqué "un désir de quitter la France" auprès de sa mère, cette dernière admet "qu'elle détenait son passeport, y compris lorsqu'elle partait en voyage". La femme a même précisé aux autorités "être à la disposition de la justice pour l'encadrer et le surveiller", ajoutant que son fils "mérite d'être sauvé".
Lors de son expertise psychiatrique, le psychiatre mandaté par la justice ne constate pas chez Armand de troubles psychiatriques. Il note toutefois "certains traits de personnalité pouvaient apparaître comme pathologiques : extrême naïveté par rapport aux pressions d'embrigadement, absence de prise en compte des collaborations dangereuses qu'il a nouées". Il parle d'une "personnalité pathologique de type schizoïde" et évoque son isolement et son détachement par rapport à la souffrance d'autrui.
Avant de passer à l'acte ce samedi à Paris, Armand Rajabpour-Miyandoab aurait publié une vidéo d'allégeance à l’État islamique. Sur le réseau social X (anciennement Twitter), le journaliste de France 24 Wassim Nasr affirme qu'il a indiqué dans la vidéo agir pour "venger les musulmans" et a salué "les jihadistes de l’EI dans toutes ses zones d’activité une par une".
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