Vendredi 25 février 1994, aux alentours de 19h45, Yann Piat quitte sa permanence du centre de Hyères. La députée UDF-PR de la troisième circonscription du Var est fatiguée. Elle a passé sa journée à recevoir des électeurs et à traiter des dossiers. Elle a promis à sa fille cadette, Angélique, 16 ans, de la retrouver pour dîner puis d’aller avec elle au cinéma.
Son chauffeur, le fidèle Georges Arnaud, l'attend. Elle prend place côté passager dans la Clio noire. Ni le chauffeur ni la députée n'ont aperçu une voiture qui les a suivi dans Hyères. Pas plus que la moto, tous feux éteints, qui leur emboite ensuite le pas sur la route du Mont des Oiseaux. A 100 mètres de la maison de Yann Piat, la moto allume son phare.
Six coups de feu claquent. Georges Arnaud est touché à la cuisse droite. Yann Piat reçoit deux balles : une dans le cœur, l'autre dans le dos. Le chauffeur enclenche la marche arrière, effectue un demi-tour et file en trombe jusqu'à la caserne de pompiers. Les massages cardiaques ne permettront pas de ranimer la députée. A 20h10, Yann Piat, 44 ans, est déclarée morte.
Le 31 mai 1994, après trois mois d'enquête, les enquêteurs interpellent les clients d'un bistrot, "le Macama", sur le port de Hyères. Ce sont eux, avec l'aide du patron, qui ont volé la moto. "C'est une bande de jeunes garçons, bagarreurs, ils sont toujours ensemble. Influencés par le patron du bar, ils ont l'impression d'avoir une raison sociale", explique sur RTL Jean-Pierre Bonicco, journaliste qui a suivi l’affaire. Parmi les interpellés, Lucien Ferri, le tueur de Yann Piat.
"Lucien Ferri était le chef, c'est lui qui a tiré sur Yann Piat. Il a pris ses responsabilités", continue Jean-Pierre Bonicco au micro de Jean-Alphonse Richard. Les raisons évoquées par les suspects sont les suivantes : un coup monté à plusieurs pour contrer les intérêts menaçants et l'arrivée de Yann Piat à la tête de la ville de Hyères. La femme politique allait en effet mettre en péril les projets de cette bande mafieuse.
Lors du procès, "l'ambiance est très lourde", raconte le journaliste dans L'heure du Crime. Sur les sept jugés, Lucien Ferri et le patron du bar, Gérard Finale, seront finalement condamnés à la prison à perpétuité.
- Jean-Pierre Bonicco, journaliste, a suivi l’affaire pour "Var Matin".
- Georges Bonnefont, chef de l'antenne Police Judiciaire de Toulon au moment des faits