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Assassinat de Samuel Paty : Anzorov, Sefrioui, Chnina… L’avocate des parents de l’enseignant revient sur les rôles des différents protagonistes
PODCAST - En 2020, Samuel Paty, enseignant d'histoire-géographie, est assassiné près de son collège de Conflans-Sainte-Honorine (Yvelines). Dans "Les Voix du crime", Me Virginie Le Roy, revient sur le profil des différents hommes impliqués dans l'affaire.
Le 16 octobre 2020, un homme est assassiné à sa sortie du collège du Bois d'Aulne, à Conflans-Sainte-Honorine (Yvelines). Il s'appelle Samuel Paty, 47 ans, et il est professeur d'histoire-géographie. Quelques jours avant les faits, il montrait à ses élèves une caricature du prophète Mahomet, réalisée par le journal satirique Charlie Hebdo.
À la suite de ce cours sur la liberté d'expression, Samuel Paty fait l'objet d'une vague de haine sur les réseaux sociaux. Brahim Chnina, parent d’une des élèves de l'enseignant, raconte que sa fille a été exclue deux jours du collège après le cours sur ces caricatures, et que Samuel Paty a prévenu la classe qu’il allait "diffuser une image susceptible de choquer ses élèves". Il s'avérera que sa fille lui a menti.
Dans la foulée, un autre homme, du nom d'Abdelhakim Sefrioui, franco-marocain de 63 ans, prend la tête du mouvement de haine digitalisé, qualifié de "fatwa numérique". Abdoullakh Anzorov, islamiste de 18 ans, est l'assassin de Samuel Paty. Peu de temps avant le meurtre, l'enquête montre qu'il a été en contact avec ces deux hommes.
Pour Les Voix du crime, Me Virginie Le Roy, l'avocate de la famille de Samuel Paty, a choisi de revenir sur le parcours de ces trois protagonistes au cœur de l'affaire.
Il y a une vraie organisation pour faire la levée de boucliers et surtout appeler à la sanction contre Samuel Paty.
Me Virginie Le Roy
Le 7 octobre 2020, le lendemain du cours controversé de Samuel Paty, Brahim Chnina et Abdelhakim Sefrioui démarrent leur campagne de haine. Des vidéos réalisées par les deux hommes indiquent tout ce qu'il y a à savoir au sujet du professeur. Son nom et son prénom, ainsi que le nom et l'adresse du collège où il enseigne, sont divulgués sur les réseaux sociaux, dont Facebook. Il lui est reproché un acte de blasphème.
"La réalité du discours de Brahim Chnina et d'Abdelhakim Sefroui, c'est la haine des musulmans et l'atteinte faite au prophète. Il y a une véritable mécanique qui ne se réduit pas qu'aux vidéos. Il y a une vraie organisation pour faire la levée de boucliers et surtout appeler à la sanction contre Samuel Paty", explique Me Le Roy.
Relayée en masse sur les réseaux sociaux, l'identité de Samuel Paty atteint la "djihadosphère", ces sites web et réseaux sociaux qui font l'appel au djihad. Très vite, Abdoullakh Anzorov, tchétchène radicalisé de 18 ans et proche de plusieurs mouvements et groupes djihadistes du Moyen-Orient se saisit de la polémique. Il dit vouloir "corriger" l'enseignant.
Ils vont organiser ce guet avec un relais qui vient devant le collège pour voir s'il sort, s'il est là, et puis surtout prévenir à temps.
Me Virginie Le Roy
Le jour de l'attentat, Anzorov fait le trajet d'Evreux (Eure), la ville dans laquelle il réside, jusqu'à Conflans-Sainte-Honorine (Yvelines). Déposé par l'un de ses amis et complices, il repère Samuel Paty, commet le crime, avant d'être lui-même abattu par l'un des policiers de la brigade anti-criminalité (BAC). Cette stratégie était planifiée.
Tout juste arrivé sur les lieux, Anzorov souhaitait retrouver au plus vite l'enseignant avec l'aide de deux complices. Là, il donne la modique somme de 300 euros à un petit groupe de collégiens pour qu'ils lui désignent le professeur. "Ils vont organiser ce guet avec un relais qui vient devant le collège pour voir s'il sort, s'il est là, et puis surtout prévenir à temps. Donc, on est quand même sur des faits qui sont assez avancés tout de même", raconte Me Le Roy.
En décembre 2024, Brahim Chnina et Abdelhakim Sefrioui, à l'origine de la campagne islamiste ayant conduit à la mort du professeur, sont condamnés à 13 et 15 ans de réclusion criminelle par la cour d’assises spécialement composée pour “association de malfaiteurs terroristes".
"Avec cette aide fournie à l'encontre de la cible et les mobiles pour l'attaquer... L'infraction était constituée. En tout cas, c'est ce qu'a retenu la Cour d'assises", explique Me Le Roy. Brahim Chnina et Abdelhakim Sefrioui ont tous les deux fait appel de la décision et demeurent présumés innocents.
>> Les Voix du crime sont avocats ou avocates, enquêteurs ou enquêtrices, proches de victimes, de suspects ou de coupables. Ces témoins-clefs se confient au micro des journalistes de RTL. Des témoignages inédits, qui apportent un éclairage nouveau sur la justice et les grandes affaires criminelles d’aujourd’hui.
Deux fois par mois, l'une de ces Voix du crime nous raconte son point de vue sur une affaire criminelle. Un podcast RTL.
