Son témoignage, dix jours après la
mort d'Adama Traoré, avait appuyé la thèse des gendarmes : celle d'une mort
accidentelle du jeune homme après une course-poursuite le 19 juillet 2016, due
à la conjonction d’un épisode de "stress et d’effort" et de deux
pathologies antérieures. Le propriétaire de l’appartement où Adama Traoré avait
trouvé refuge après sa course de quelques centaines de mètres pour échapper aux
gendarmes avait alors affirmé qu’il était arrivé "essoufflé", "respirant bruyamment" et incapable de parler. Ce qui semblait
valider le début d’une asphyxie avant même l’interpellation.
Ce
témoin a donc été auditionné une nouvelle fois, ce jeudi 2 juillet par les
magistrats instructeurs, ce que réclamait depuis des mois la famille Traoré.
Mais les avocats des parties adverses ont livré des versions diamétralement
opposées.
"Ce
témoin s'est rétracté. Il a affirmé que les éléments contenus dans son procès
verbal (de 2016) étaient faux. Il a dit qu'Adama Traoré ne souffrait pas de
détresse respiratoire avant l’interpellation, qu’il ne respirait pas bruyamment
et qu'il n'avait jamais dit cela", a affirmé à l’issue de l’audition Yassine Bouzrou, l’avocat de la famille Traoré, annonçant une plainte prochaine
contre les enquêteurs de l’IGGN (Inspection générale de la gendarmerie
nationale) pour ce PV manifestement faux .
Pour
Yassine Bouzrou, cela remet totalement en cause les conclusions des experts
judiciaires médicaux qui ont mis hors de cause les gendarmes en s’appuyant
notamment sur ces déclarations du témoin. Les médecins mandatés par la famille affirment pour leur
part que le décès est dû à une asphyxie provoqué par un plaquage ventral des
gendarmes dans l’appartement.
Quelques
minutes plus tard, l'avocat des gendarmes Rodolphe Bosselut a livré à son tour
une version totalement opposée : "Ce témoin a conforté la version qui
avait été la sienne précédemment. Notamment sur un point très important :
l'état d'épuisement dans lequel Adama Traoré se trouve lorsqu'il arrive à son
domicile, en ayant même indiqué aujourd’hui qu'Adama Traoré lui aurait dit 'je
vais mourir'", alors qu’il tentait de se relever. L’avocat admet que le
témoin a remis en cause les termes "d’essoufflement" et de "respirer bruyamment" mais que cela ne change rien au fait que ses
déclarations démontrent que le pronostic vital d’Adama Traoré était "engagé de manière irréversible" avant l’interpellation.
Cette
audition controversée vient de nouveau projeter la lumière sur le point central
qui oppose les deux camps : l’origine du décès d’Adama Traoré et son
explication médicale. Pour l’avocat de la famille Traoré, si "l’essoufflement" du jeune homme n’est plus attesté, cela rend
caduque la thèse d’un asphyxie causé par une maladie génétique, la
drépanocytose, associée à une pathologie rare, la sarcoïdose. Pour l’avocat des
gendarmes, au contraire, l’ "épuisement" attesté par le témoin suffit à conforter cette thèse. Le
dossier Adama Traoré, érigé en symbole des violences policières, ne semble donc
pas près de se refermer.
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