Quarante-cinq ans, c'est le temps qu'il a fallu à la justice, un matin du printemps 1989, pour mettre la main sur un homme recherché depuis la fin de la guerre, un Français, le chef milicien Paul Touvier, deux fois condamné à mort par contumace, le tout premier collabo recherché pour crimes contre l'humanité.
Au fil des années, cet homme était devenu un spécialiste de la cavale et des déménagements à la cloche de bois, une silhouette de Monsieur-Tout-le-Monde capable de se fondre dans n'importe quel paysage. Mais si le milicien a pu si longtemps se faufiler entre les mailles du filet, c'est qu'il pouvait compter sur un réseau tout aussi insoupçonnable que puissant, celui de confréries religieuses intégristes.
Elles le finançaient et le cachaient. Les abbayes lui offraient le plus sûr des refuges. C'est au fond de l'une d'elles que les gendarmes vont le débusquer et l'arrêter au terme d'une extraordinaire enquête.
Il y a une chose qui m'intrigue c'est que je trouve des ecclésiastiques à tous les niveaux et ça commence dans la famille Touvier.
Jean-Louis Recordon
Depuis 1981, l’individu est recherché pour crimes contre l'humanité, des crimes non prescrits. Les enquêteurs ont la conviction que l'ancien milicien pourrait être protégé par des réseaux religieux intégristes. "Il y a une chose qui m'intrigue, c'est que je trouve des ecclésiastiques à tous les niveaux et ça commence dans la famille Touvier. Je découvre que Touvier avait passé un an dans un séminaire catholique. (...) Je note que personne n'a regardé cette piste des curés", raconte Jean-Louis Recordon, chef de la section de recherches de Paris au moment de l'enquête et invité de L'Heure du crime.
En 1989, Touvier, 74 ans, est arrêté au prieuré de Saint-François dans le vieux Nice au terme d'une vaste enquête de terrain. "Nous sommes en 1989, il n'y a pas de téléphones portables. On n'avait pas de moyens électroniques donc tout reposait sur des vérifications de terrain, sur des recherches de témoins, de gens qui pouvaient parler", indique Jean-Louis Recordon.
En 1994, lors de son procès, il tente de minimiser son rôle dans ce qui lui est reproché. "Rien ne l'obligeait à aller chercher ces sept juifs, les faire coller au mur et les faire fusiller. S'il l'a fait, c'est qu'il en avait envie et il y a peut-être pris du plaisir", estime Dominique Rizet, journaliste police-justice et invité de L'heure du crime.
Paul Touvier est condamné à la perpétuité. Il est le premier Français à être condamné pour crimes contre l'humanité.
- Jean-Louis Recordon, lieutenant-colonel. À l'époque, il était le chef de la section de recherches de Paris.
- Dominique Rizet, journaliste, spécialiste police-justice. Il co-présente avec Philippe Gaudin tous les dimanches l’affaire « Affaire Suivante » sur BFM. Il est la figure emblématique de l’émission « Faites entrer l’accusé » (maintenant avec Christophe Delay sur RMC).
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