Affaire Isabelle Fisch : la morte de la forêt de Reiningue

L'affaire Isabelle Fisch est un dossier oublié de l'histoire criminelle, même si à l'époque tous les journaux parlaient de cette affaire. Le 1er janvier 1978, le corps de cette Alsacienne de 19 ans était retrouvé dans une forêt, près de Mulhouse. Elle est morte après une agonie dont aucun légiste ne pourra dire combien de temps elle a duré.

La scène de crime va livrer de nombreux indices, mais pas de réponse concrète. Les pistes vont se révéler nombreuses, intéressantes, plausibles – on va même évoquer un crime politique - avant de tomber dans des impasses. Un homme va faire figure de suspect numéro un, mais malgré les doutes, il ne sera jamais confondu.

Les investigations vont s'étendre sur une vingtaine d'années, laissant toute une famille face à un mur d'interrogations et de silences. Après tout ce temps, les proches n'ont rien oublié. 

Ce qui était terrible dans cette histoire, c'était qu'on nous a dit 'c'est lui mais on ne peut rien faire'.

Éliane Fisch

Après la découverte du corps, l'enquête semble enfin avancer avec des suspects placés en garde-à-vue, mais ils sont rapidement relâchés. Un an et demi après le crime, un autre suspect va émerger, une piste solide selon les enquêteurs. Il s'agit de Manuel C., un ouvrier portugais, qui avait violé six femmes les années précédentes.  

"Le profil correspond parfaitement. Il viole au moins six adolescentes et jeunes femmes dans les communes avoisinantes de la forêt de Reiningue où on retrouve Isabelle. Il les fait monter dans sa voiture de force, ensuite, il les menace, il les frappe, il les étrangle aussi. Ce qui correspond aussi à Isabelle Fisch, sur laquelle on a retrouvé des traces de strangulation, donc oui tout correspond", détaille Jean Arca, journaliste et invité de L'Heure du crime. 

"Sauf qu'il n'a jamais tué personne, il n'a jamais tué ses victimes. (...) C'était une brute cet homme. Il était connu pour ça, donc on ne peut pas dire que ce n'était pas lui. Ce qui était terrible dans cette histoire, c'était qu'on nous a dit : 'C'est lui, mais on ne peut rien faire", ajoute Éliane Fisch, la sœur d'Isabelle Fisch et invitée de L'Heure du crime. 

Selon le juge, il n'y a pas assez de preuves. Manuel C. est finalement jugé pour cinq viols et condamné à quinze ans de prison. En 1982, un premier non-lieu est délivré dans l'affaire Isabelle Fisch puis un deuxième en 1996. En 2006, l'affaire tombe sous le coup de la prescription. "L'ADN aurait au moins permis d'éliminer tous ces suspects. Aujourd'hui, il y a très peu de chances qu'un dossier comme celui d'Isabelle Fisch soit rouvert", indique Jean Arca, journaliste.

"On a été privé de la vérité et de la justice", conclut Éliane Fisch, la sœur d'Isabelle Fisch. 

Les invités de l'émission

- Éliane Fisch, la sœur d'Isabelle Fisch.
- Jean Arca, journaliste pour Marianne et Le Progrès. Il a publié une longue enquête sur le meurtre d'Isabelle Fisch dans Marianne : "En Alsace, le meurtre impuni d'Isabelle Fisch malgré les multiples hypothèses". 

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