Le 2 février 1994, la cour d'assises des Alpes-Maritimes condamne Omar Raddad à 18 ans de réclusion criminelle pour le meurtre de sa patronne, Ghilslaine Marchal, survenu 3 ans plus tôt. À cette époque, l'appel n'existe pas encore. Le pourvoi en cassation de l'accusé est rejeté, rendant la peine définitive pour celui qui n'a jamais cessé de clamer son innocence.
L'affaire Omar Raddad interroge sur le fonctionnement de la justice française et choque l'opinion publique : comment un homme peut-il être déclaré coupable au vu des nombreuses zones d'ombre qui planent sur le dossier ?
De la fameuse inscription retrouvée sur la scène de crime - "Omar m'a tuer" - à la réouverture du dossier en 2021, en passant par la grâce présidentielle accordée par Jacques Chirac : retour sur ce feuilleton judiciaire qui continue d'alimenter les spéculations.
Le 24 juin 1991, Ghilslaine Marchal, une veuve richissime est découverte sans vie à son domicile, dans la cave de sa luxueuse villa surplombant la baie de Cannes. La vieille dame n'a pas donné de nouvelles depuis la veille. Lorsque les gendarmes la découvrent, cette dernière gît sur le ventre. Elle a sauvagement été poignardée à la gorge.
Autour d'elle, deux inscriptions, manifestement écrites par la défunte avec son propre sang, recouvrent les murs : "Omar m'a tuer". Rapidement, les enquêteurs font le lien avec un employé de la victime, son jardinier, Omar Raddad. L'homme devient le suspect numéro 1.
Dans l'épisode de L'Heure du Crime dédié à l'affaire Omar Raddad, Jean-Marie Rouart, académicien et auteur d'Omar la fabrication d’un d’une injustice chez Bouquins éditions, revient sur les zones d'ombre de l'enquête.
"Demandez à n'importe quel médecin, il vous dira que dans cet état, il est absolument impossible qu'elle ait pu faire une inscription. Dès le départ Omar Raddad aurait dû avoir un non-lieu, parce que la seule chose qui accusait Omar c'était l'inscription. Or cette inscription, elle est impossible à réaliser."
Face aux enquêteurs, le jardinier nie les faits et dans ce dossier, les preuves manquent. Malgré tout, Raddad est renvoyé devant la cour d'assises des Alpes-Maritimes, à Nice. Condamné à 18 ans de prison, la justice conclut que l'accusé en voulait sans doute à l'argent de sa patronne. Une dispute aurait éclaté, la vieille dame aurait résisté, avant de se faire frapper et égorger.
Le 23 mai 1996, l'affaire prend un tout autre tournant. Devant les manquements de l'enquête, le président Jacques Chirac accorde la grâce partielle à Omar Raddad, réduisant la peine du condamné à huit mois de prison. En septembre 1998, ce dernier est libéré, mais pas innocenté.
En 2000, un nouveau rebondissement secoue ce dossier criminel qui tient la France en haleine. Les traces de sang recueillies sur la scène de crime sont de nouveau analysées et l'ADN masculin ne correspond pas à celui d'Omar Raddad. Malgré cet élément, la Cour de révision rejette la demande de révision.
Quinze ans plus tard, nouveau coup de théâtre. La nouvelle avocate du jardinier, Me Sylvie Noachovitch, relance la piste de l'ADN. Un nouvel expert trouve quatre empreintes génétiques de quatre homme différents sur les lieux du crime. Le résultat est sans appel. Aucune des quatre n'appartient à Omar Raddad.
En 2019, un rapport conclut que l'un de ces quatre ADN apparait 35 fois dans les lettres de sang inscrites sur le mur, celui d'un inconnu, à ce jour non identifié.
Le 24 juin 2021, Me Sylvie Noachovitch, dépose une nouvelle requête en révision. Cinq mois plus tard, devant ces nouvelles preuves, la Cour de révision décide de rouvrir le dossier et ordonne un supplément d'informations. Malgré les éléments récoltés, la Cour de révision déclare la requête irrecevable fin 2022.
Après 40 ans d'un long combat judiciaire, l'espoir d'Omar Raddad d'être, un jour, innocenté s'éteint. "Si Omar n'a pas été innocenté. C'est qu'on a eu peur de découvrir la vérité. On a eu peur de découvrir les vrais coupables. Et ça, ça sera un poids terrible pour la justice française", conclut Jean-Marie Rouart.
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