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Des pièces à conviction lors du procès de Monique Bertaud, le 10 juin à Besançon.
Crédit : DAMIEN MEYER / AFP
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Jeudi 8 octobre 1992, Laurence Bertaud signale la disparition de sa fille Sarah au commissariat de Besançon. D'emblée, elle raconte qu'elle soupçonne sa propre mère, Monique Bertaud, 60 ans, médecin neurologue, de l'avoir enlevée estimant depuis des mois que sa petite-fille n'est pas bien élevée. Personne n'a pourtant rien remarqué de tel. Des examens médicaux pratiqués par le passé n'avait révélé aucun dysfonctionnement.
Les policiers se rendent alors chez le docteur Bertaud. Il n'y a personne. La mère de Sarah est submergée par l'inquiétude. C'est alors que cinq jours plus tard, un riverain alerte le commissariat du comportement déroutant d'une conductrice. Sortie de sa voiture, elle titube, l'air hagard, pieds nus. Il s'agit bien de Monique Bertaud.
Les policiers arrivent et lui font ouvrir le coffre. Sur la banquette arrière, il y a le corps sans vie de la petite Sarah : "Ce n'est rien, c'est une poupée", dit-elle. Sous le siège avant gauche, on retrouve un révolver 22 long rifle, ainsi que de nombreuses boîtes de médicaments, des seringues, des aiguilles et des boîtes de munitions. La petite a reçu trois balles dans la tête.
J'ai eu envie de mettre fin à mes jours et à ceux de Sarah
Laurence Bertaud
Le docteur est placée en garde à vue au commissariat de Besançon. Elle raconte avoir proposé à Sarah de venir avec elle ; la voiture était chargée de jouets qu'elle aimait bien. Elle s’est promenée avec sa petite fille qui lui racontait ses vacances dans le Midi avec sa mère, sa sœur, le nouveau compagnon de sa mère, et les trois fils de ce dernier. Sarah lui a dit que la nuit elle entendait du bruit provenant du lit de sa mère.
Un déclic : "Je ne pouvais pas en supporter davantage", dit la grand-mère. Elle ajoute : "J'ai eu envie de mettre fin à mes jours et à ceux de Sarah" pour qu'elle cesse de souffrir. Selon elle, l'enfant était martyrisée depuis sa naissance par sa mère. Elle lui a alors fait une injection avant de lui tiré une première balle dans la nuque.
Elle aimait sa petite fille, mais elle l'aimait de façon totalement égotique, possessive, sans lui laisser de vie propre. Elle avait capté sa petite fille et en même temps elle manifestait une hostilité haineuse à l'égard de sa fille.
Daniel Zagury
"Elle se souvient de tout. D'ailleurs, les experts parleront d'hypermnésie. C'est d'ailleurs un signe de son état mental, elle évoque tous ces faits effroyables de façon très froide, très technique, rapporte Me Philippe Sarda, avocat avec Me Henri Leclerc de Monique Bertaud. Il faut aussi se replacer dans le contexte, pour ce qui concerne sa garde-à-vue, elle est retrouvée après avoir passé plusieurs jours dans le coma. Elle est dans un état physique anormal."
"Elle aimait sa petite fille, mais elle l'aimait de façon totalement égotique, possessive, sans lui laisser de vie propre. Elle avait capté sa petite fille et en même temps elle manifestait une hostilité haineuse à l'égard de sa fille, explique Daniel Zagury, psychiatre qui a expertisé Monique Bertaud. Il y a cette question qui est généralement posée aux experts, c'est celle de l'aliénation mentale. Bien entendu Monique Bertaud a un certain nombre de trouble, mais ce n'est pas un délire, c'est une conviction passionnelle. Il y a une continuité, avant et après les faits, qui se situe dans un registre paranoïaque. Comme elle est paranoïaque, c'est toujours l'autre qui est responsable."
Mardi 10 juin 1997, Monique Bertaud, 65 ans, est devant la cour d'assises du Doubs, à Besançon. Elle apparait le plus souvent indifférente. Sa fille Laurence, maman de Sarah, lance : "Madame Rasquin n'avait pas le droit de donner la mort". La présidente lui fait remarquer qu'elle appelle sa mère de son nom de jeune fille : "C'est la personne qui m'a mise au monde, mais ce n'est certainement pas ma mère". A l'issu de trois jours de procès, Monique Bertaud est condamnée à douze ans de prison.
- Daniel Zagury, psychiatre, expert auprès de la cour d’appel de Paris, a expertisé Monique Bertaud, et auteur du livre Comment on massacre la psychiatrie française publié aux éditions de l’Observatoire.
- Me Philippe Sarda, avocat au barreau de Paris, avocat avec Me Henri Leclerc de Monique Bertaud.
- Marie-Agnès Credoz, présidente de la cour d’assises du Doubs lors du procès de Monique Bertaud.
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