Mobilisation agricole : après les affrontements violents à Bruxelles, le mouvement de protestation se radicalise

La mobilisation des agriculteurs s'amplifie en France ce jeudi 18 décembre, face au gouvernement qui garde le cap dans sa gestion de la dermatose bovine, catalyseur d'une colère agricole qui s'étend à Bruxelles contre l'accord commercial avec le Mercosur. Des heurts ont éclaté devant le Parlement européen, où des milliers d'agriculteurs sont venus, pour certains en tracteur, devant l'institution européenne pour manifester leur colère contre ce projet de libre-échange.

Le monde agricole a déjà connu plusieurs crises, comme la vache folle dans les années 2000 ou encore la fièvre aphteuse. À cette époque, les agriculteurs étaient plutôt solidaires. Cette année, le niveau de tension est monté d'un cran avec des violences entre eux.

Les éleveurs de Savoie qui ont connu le premier cas de dermatose nodulaire contagieuse (DNC) et qui ont accepté, la mort dans l'âme, de sacrifier leur troupeau ont notamment reçu des menaces sur les réseaux sociaux. Ils se sont fait insulter de collabos par d'autres agriculteurs. Ils ont désormais peur de parler.

Des agriculteurs plus radicaux

Une violence qui peut s'expliquer par des changements dans le paysage syndical. En France, la Fédération nationale des syndicats d'exploitants agricoles (FNSEA) n'est plus tout puissante. Elle s'est fait débordée à droite par la Coordination rurale. "Il faut faire la peau aux écolos", avait notamment déclaré son président, le jour de son élection. Une parole complètement décomplexée.

La FNSEA s'est aussi fait débordée à gauche par la Confédération paysanne, qui refuse l'abattage systématique des troupeaux en cas de DNC, et qui ne jure que par la vaccination. Pourtant, ses membres, plutôt proches de mouvements écologistes, sont souvent antivax. Le message est donc un peu brouillé et les revendications sont difficiles à suivre.

Cette radicalisation s'est traduite dans les urnes aux élections des Chambres d'agriculture en janvier dernier. La Coordination rurale a dépassé la FNSEA en nombre de voix et est passée de 20 à 29% et la Confédération rurale a progressé de 18 à 20%. La FNSEA reste néanmoins majoritaire dans beaucoup de départements car elle est alliée avec les jeunes agriculteurs mais la Coordination rurale a désormais un énorme poids dans les campagnes.

Le Mercosur marque un tournant dans l'avenir de l'agricole, symbolisé par ce sommet ce jeudi à Bruxelles, avec la menace de voir les frontières s'ouvrir à du bœuf, de la volaille, du sucre, avec des règles qui ne sont pas européennes. Alors que les aides agricoles vont aussi baisser, sans compter les aléas climatiques qui se multiplient, les agriculteurs sont angoissés.

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