Affaire Sylvia G. : a-t-elle été tuée au cours d'une séance de désenvoûtement ?

Dimanche 24 mars 2019, Christy Daupin s'inquiète de ne pas trouver Sylvia G., son épouse, dans leur appartement. Sa disparition est alors signalée au commissariat du XVIIe. Rapidement, les enquêteurs comprennent que le couple est loin de filer le parfait amour. Depuis quelque temps, la disparue avait une maîtresse. Pour la suivre à la trace, Christy, jalouse, avait installé un logiciel espion sur son téléphone. 

Le corps de Sylvia est finalement découvert le 24 avril 2019, dans un sous-bois en bordure d'un chemin de Villiers-Adam, dans le Val-d'Oise. De nombreux témoins sont réentendus, confirmant que Sylvia était menacée de mort par Christy, son épouse. Cette dernière est placée en garde-à-vue avec Sabrina Moreau et Iven Webster, deux amis. 

Sabrina Moreau raconte que, le soir du crime, elle et les deux autres suspects ont longuement conversé en visioconférence avec une prêtresse vaudou se trouvant à Haïti, prénommée Marlène Paul, alias Tatie Marlène. Christy l’avait contactée pour résoudre ses problèmes de couple. Au fil des séances, la Haïtienne l’avait persuadée que Sylvia fomentait un complot contre elle ; elle allait lui faire perdre son emploi et ses enfants. Une semaine avant le crime, Christy Daupin a été prévenue depuis Haïti que le désenvoûtement de Sylvia devait avoir lieu dans la nuit du 23 au 24 mars 2019, dans un endroit sombre et calme. Parmi les autres directives, la victime devait avoir les yeux cachés, c'est pourquoi l'épouse a pris un sac plastique pour le placer sur la tête de Sylvia, morte par asphyxie. 

Sorcellerie ou jalousie ?

Après le crime, Christy Daupin a continué à verser de l'argent à la prêtresse vaudou. "Elle m'a dit qu'elle se chargeait de faire disparaître le corps. Je devais fuir avec les enfants car la sœur de Sylvia avait engagé des hommes de main pour m'assassiner. Pour cette protection, j'ai dû encore donner de l'argent", explique l'épouse. Christy Daupin affirme avoir suivi les indications de Marlène Paul pour passer à l'acte, en admettant avoir été manipulée.

"Le but était de désenvoûter Sylvia. Ce qui a été mis au jour par les enquêteurs, c'est un groupe WhatsApp où on parle de la victime comme la diablesse. On l'appelle Babylone, explique Antoine Blanchet, journaliste police/justice pour le site Actu.fr. Il peut y avoir aussi un autre mobile : celui de l'adoption. C'est ce que pensent les parties civiles du dossier. Sylvia a mis au monde ses deux jumeaux par insémination artificielle, c'est elle qui avait les droits sur eux. Sauf que Christhy Daupin voulait avoir des droits sur ses enfants. Et un mois avant les faits, Christy Daupin avait emmené Sylvia chez le notaire pour avoir des droits sur les jumeaux. Sylvia avait deux mois pour se rétracter, sauf qu'elle disparaît un mois plus tard. Donc ça pourrait être lié à l'adoption des jumeaux."

"Elle n'est pas paranoïaque, c'est l'histoire de quelqu'un qui ne veut pas se remettre en cause. Il y a beaucoup de crimes et de délits qui sont commis parce que des gens ne veulent pas se remettre en cause, regrette Me Maxime Cessieux, avocat de la famille de Sylvia G. Il aurait fallu qu'elle accepte de se remettre en cause dans ce couple qui n'allait plus bien. Elle ne l'a pas fait. Et elle a trouvé le solution : supprimer le conjoint." 

Lors du procès, Christy Daupin est condamnée à 30 ans de prison, 25 ans pour Iven Webster et 18 ans pour Sabrina Moreau. La prêtresse haïtienne est quant à elle toujours restée introuvable.

L'invité de "L'Heure du crime"

- Antoine Blanchet, journaliste police/justice pour le site Actu.fr.
- Me Maxime Cessieux, avocat au barreau des Hauts-de-Seine et avocat de la famille de Sylvia G.

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