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Un sac de Carbofuran
Crédit : Soumyabrata Roy / NurPhoto / NurPhoto via AFP
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Dimanche 30 août 1998, en milieu de journée, un homme franchit le seuil de la gendarmerie d'Égletons, en Corrèze, à une demi-heure de Tulle. Il vient déclarer l'empoisonnement de son chien de chasse. Le propriétaire parle de boulettes de viande empoisonnées. Il se demande qui a pu faire un truc pareil. Il ne sera pas le seul. La même après-midi, sept plaintes sont déposées. Sept chiens ont succombé dans des circonstances similaires.
Sept mois après les premières plaintes, la liste des victimes s'allonge. Presque 50 animaux sont morts. La gendarmerie met sur pied la cellule d'enquête spéciale "Animaux 19", numéro du département de la Corrèze. Des caméras de vidéosurveillance sont installées. Un profileur est consulté pour dresser le portrait du tueur de chiens. Les victimes ont leur petite idée sur l'auteur, mais elles évitent de donner un nom.
Un suspect émerge dans ce dossier. Roland Bondonny, 67 ans, riche notable du coin. Il est pointé du doigt par Marius Lac, un officier à la retraite. Bondonny possède son propre domaine de chasse privé. Curieusement aucune boulette parfumée au Carbofuran n'y a été découverte. Il ne supporte pas la contradiction. Il y a quelques années, il a été condamné pour avoir cassé le nez de sa maîtresse puis l'avoir menacée avec un révolver.
Lundi 12 février 2001, Roland Bondonny se présente de lui-même à la gendarmerie d'Égletons. Il vient déposer plainte car lui aussi vient d'être victime de l'empoisonneur. "Majesté", sa chienne, est morte après avoir ingurgité une boulette. Le notable raconte que le soir en question, il regardait un match de foot à la télé. Vérification faite, il n'y avait pas de match. On veut fouiller sa camionnette. Il se met en colère et refuse. Un peu plus tard, on vient l'interpeller chez lui. L'inspection du Renault Trafic permet de détecter neuf traces de Carbofuran à l'avant du véhicule.
En octobre 2003, le procès de Roland Bondonny démarre. Seulement deux témoins sont cités dont l'ancien gendarme Marius Lac. "Ce gendarme (Marius Lac, ndlr) avait une constance, une opiniâtreté et une vérité qui ne pouvait que déranger et c’est peut être pour cela que Bondonny est rentré dans une colère noire à l’issue de la déposition du gendarme", indique Me Xavier Bacquet, avocat ayant représenté la fondation 30 Millions d'Amis lors du procès, dans L'Heure du Crime, sur RTL.
Le prévenu est condamné à deux ans de prison et à 110.000 euros d'amende. Il fait appel. Contre toute attente, deux mois avant le procès, le témoin Marius Lac est retrouvé mort chez lui, dans le minuscule village de Chapelle-Spinasse. Bondonny était loin de la Corrèze le jour du crime. L’enquête montre qu’une Alfa Roméo rouge, a été remarquée à Chapelle-Spinasse. Le conducteur cherchait la maison de Marius Lac. Il s'agirait d'un certain Alain Bodchon.
Interrogé par les services de police, Alain Bodchon avoue avoir tué Marius Lac à la demande de Roland Bondonny. Ce dernier, qu’il connait bien, lui aurait proposé un peu plus de 7.000 euros pour qu’il règle son compte à l'ancien gendarme. Il lui avait donné l'itinéraire pour se rendre jusqu'à Chapelle-Spinasse. Et fourni une arme, un pistolet 7.65.
Mercredi 2 février 2005, moins de quatre mois après sa mise en examen pour complicité de meurtre, Roland Bondonny est retrouvé mort dans sa cellule, à la prison de Tulle. Il s'est pendu avec sa ceinture. Il devait, le jour même, comparaitre en appel en correctionnelle pour les empoisonnements de chiens. Le procès était mal engagé. Un vendeur d'insecticides indiquait avoir vendu à Bondonny des sacs d'insecticide Carbofuran.
En 2007, Alain Bodchon s'avance seul devant la cour d'assises de Corrèze. L'auteur de l'assassinat est condamné à vingt-deux ans de prison. "Cela a laissé des traces terribles, des traumatismes parce qu’il y a eu plein de familles qui ont perdu leur animaux. Roland Bondonny a terrifié toute une population et toute une région", explique Francette Vigneron, co-auteure avec Franck Meynial de l'enquête L'Affaire des chiens d'Egletons.
- Me Xavier Bacquet, avocat au barreau de Paris et de Lille ayant représenté la fondation 30 Millions d'Amis lors du procès.
- Francette Vigneron, coauteure avec Franck Meynial de l'enquête : L'Affaire des chiens d'Égletons, publié aux éditions Descartes et Compagnie.
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