Affaire Pierre Laget : retour sur le feuilleton criminel du "docteur mystère", empoisonneur de Béziers

Le Figaro, le Petit Journal, le Matin, Police magazine, Détective, le petit Méridionnal… Il y a plus de 100 ans, la presse a fait vivre à ses lecteurs et lectrices le feuilleton criminel de l’affaire Pierre Laget, un dentiste de Béziers accusé d’avoir empoisonné à l’arsenic quatre personnes.

Tout commence en avril 1922. Sarah, l'épouse de Pierre Laget, décède mystérieusement dans son lit quelques semaines après une altercation avec son mari. Dans L'Heure du Crime, Jean-Pierre Fournier, historien, auteur de L'affaire Laget : une énigme qui bouleversa le Midi de la France (Papillon rouge, 2015), revient sur les étranges symptômes de la jeune femme. 

"Avant de mourir, Sarah commence à ressentir des malaises, des nausées, des vertiges, des cécités partielles, explique-t-il. Le mal empire et les médecins traitants n'arrivent pas à trouver ce qu'elle a". La mort de Sarah ne passe pas inaperçue : le beau-frère de Pierre Laget le suspecte d'y être pour quelque chose, mais très vite, ce dernier  suspect trouve de nouveau l'amour. Cette fois-ci avec la sœur cadette de la défunte, Suzanne. 

L'histoire se répète : sa seconde épouse décède à son tour, après des mois d'une étrange agonie. La succession de ces morts interpelle. Les rumeurs courent dans la ville de Béziers, si bien que de nombreux journalistes se passionnent pour ce fait divers. L'affaire ne s'arrête pas là : la troisième compagne du dentiste parvient à survivre. 

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Sur les conseils de son médecin, la jeune femme porte plainte pour empoisonnement contre son mari, qui est alors la seule personne à lui rendre visite lors de son hospitalisation. En février 1930, Pierre Laget est finalement arrêté, mais nie les accusations. Malgré ses dénégations, les analyses sont formelles : toutes les victimes ont été empoisonnées à l'arsenic. 

En juin 1931, une nuée de journalistes se rassemble devant les assises de Montpellier. La presse régionale et locale sont présentes pour couvrir le procès tant attendu de celui que les journaux surnomment le "docteur mystère". La défense du médecin ne convainc pas la justice, qui le condamne à la peine de mort. Si le pourvoi en cassation de Pierre Laget est rejeté, il est finalement gracié, puis condamné aux travaux forcés à perpétuité. Malgré tout, le détenu met fin à ses jours pendant son bagne. "Je me suicide, ce n'est pas pour me faire justice, c'est parce que j'en ai assez", a-t-il écrit avant de s'ôter la vie. 

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