Jusqu'à sa mort, en 2021, à l'âge de 96 ans, Marie-Elisabeth Cons-Boutboul, aura cultivé le plus épais des mystères. En 1985, cette grande bourgeoise sexagénaire de la bonne société parisienne, s'est retrouvée à l'épicentre d'une affaire criminelle des plus troubles : l'assassinat de son gendre, l'avocat Jacques Perrot.
Vendredi 27 décembre 1985, l'avocat Jacques Perrot, 39 ans, a été fauché par trois balles alors qu'il dévalait les marches de son immeuble parisien. La brigade criminelle s'est directement dirigée vers un règlement de comptes, puisque rien n'a été volé à la victime. Enquête sensible, qui a fait la Une des journaux, car la victime, Me Jacques Perrot était un avocat proche de Laurent Fabius. De plus, il était en train de divorcer la très célèbre jockey Darie Boutboul, la première femme à avoir gagné le tiercé à Longchamp, avec qui il a eu un fils. Le couple traverse une séparation difficile puisque la justice a confié la garde de l'enfant à la mère.
Le soir de sa mort, l'avocat devait voir sa belle-mère, Marie-Elisabeth Cons-Boutboul, afin de lui demander de l'aide pour obtenir une garde partagée, mais cette dernière annulera sous prétexte que son frère a fait un infarctus. Sauf qu'il n'y a ni infarctus, ni frère. La brigade criminelle s'intéresse discrètement à la belle-mère, une femme de 61 ans qui apparait vite comme une professionnelle du mensonge et de l'affabulation.
Mardi 6 juin 1989, Marie-Elisabeth Cons-Boutboul et sa fille Darie ont été interpellées suite à l'assassinat, un an auparavant, de Bruno Dassac, 52 ans. Il a été retrouvé dans les eaux du port du Havre avec une balle dans le cou. La victime connaîtrait bien Marie-Elisabeth Cons-Boutboul et sa fille. Darie est rapidement mise hors de cause, tandis que sa mère reste en garde à vue.
Dans le carnet d'adresses du défunt, les enquêteurs ont en effet retrouvé le numéro de téléphone d'une charcuterie qui servait de boîte aux lettres à Dassac, qui se faisait appeler Robert, pour joindre en toute discrétion Marie-Elisabeth, sous le pseudonyme de Marguerite. Elle est alors soupçonnée d'avoir utilisé Dassac pour de l'évasion fiscale. Elle est inculpée de complicité d'homicide et a été incarcérée à la prison de Bonne Nouvelle à Rouen.
Dans les comptes bancaires de Madame Cons-Boutboul, les enquêtes ont découvert que, peu après l'assassinat de son gendre, celle-ci a fait verser depuis Genève 140.000 francs à Bruno Dassac. De plus, son chauffeur de taxi confie avoir entendu des propos suspects à la police. "Elle ment, elle dissimule", raconte Dominique Verdeilhan, journaliste et chroniqueur judiciaire. "Elle dira d'ailleurs à un moment 'oui, je brode un peu, j'aime bien' et c'est un peu de la provocation".
Les policiers pensent que Jacques Perrot a eu le malheur de fouiller dans le passé de sa belle-mère et aurait découvert des secrets indicibles. Il savait ainsi que Marie-Elisabeth avait été radiée du barreau de Paris pour une escroquerie. Mais la suspecte clamait son innocence et continuait ses comédies, ses mensonges. En 1995, Marie-Elisabeth Cons-Boutboul, 70 ans, a finalement été condamnée à 15 ans de prison pour complicité d'assassinat, mais sera libérée au bout de quatre ans pour bonne conduite.
- Dominique Verdeilhan, journaliste, chroniqueur judiciaire et auteur du livre L’audience est ouverte. Chroniques d’une justice défaillante aux éditions du Rocher
- Christian Flaesch, ancien patron du 36 Quai des Orfèvres, commissaire à la brigade criminelle, à l'époque des faits.
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