INVITÉ RTL - Affaire Grégory : "On a atteint un sommet dans le fiasco", regrette le nouveau procureur général de Dijon

Cela fait aujourd'hui quarante ans que la justice enquête pour retrouver le meurtrier du petit Grégory Villemin, 4 ans, retrouvé mort pieds et poings liés dans la Vologne (rivière des Vosges). Ce dossier est toujours entre les mains du parquet de Dijon qui poursuit les investigations. 

"Il ne faut pas se décourager, il faut travailler avec abnégation, avec sérénité et faire tout ce qu'on peut, tout ce qu'on doit faire pour essayer de cheminer sur la manifestation de la vérité", martèle aujourd'hui sur RTL Philippe Astruc, procureur général auprès de la cour d'appel de la juridiction.

Depuis le 16 octobre 1984, jour du crime, le public a suivi les multiples rebondissements de ce qui est devenu "l'affaire Grégory". Corbeau, jalousies familiales, coups de théâtre... L'enquête a aussi été rythmée par des décès collatéraux à celui du petit garçon.

Je crois que tous ceux qui aujourd'hui, de près ou de loin, suivent les affaires criminelles ont sans doute tiré enseignement de ce qui s'est passé

Philippe Astruc, procureur général auprès de la cour d'appel de Dijon

En 2017, le juge Lambert, qui avait suivi le dossier à ses débuts, s'est donné la mort. Son travail avait régulièrement été mis en cause pour son manque de rigueur. "Je crois que tous ceux qui aujourd'hui, de près ou de loin, suivent les affaires criminelles ont sans doute tiré enseignement de ce qui s'est passé à ce moment-là, déclare Philippe Astruc. Donc ça, c'est un des rares points positifs de ces errements collectifs."

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Trente ans plus tôt, en 1985, Bernard Laroche, principal suspect de l'époque était achevé d'un coup de fusil par son cousin Jean-Marie Villemin, persuadé de sa culpabilité dans le meurtre de Grégory. Ce dernier a été condamné en 1993 à 5 ans de prison. Ce lundi, la veuve de Bernard Laroche, Marie-Ange, a brisé son silence et assuré de l'innocence de son défunt mari.

On a atteint un sommet dans le fiasco

Philippe Astruc, procureur général auprès de la cour d'appel de Dijon

"Il faut quand même rappeler que neuf mois après les faits, il y a deux parents qui avaient une vingtaine d'années dont l'enfant était mort : l'un, on n'a pas su prévenir sa vengeance et l'autre, elle s'est retrouvée neuf mois après en prison en étant enceinte", insiste Philippe Astruc. "On a atteint un sommet, je dirais, dans le fiasco."

Christine Villemin, la mère de Grégory a un temps été soupçonnée et mise en examen puis innocentée, mais ces "errements collectifs" ont été autant d'obstacles à la manifestation de la vérité. Aujourd'hui, Philippe Astruc, qui s'est entretenu avec Jean-Marie et Christine Villemin, assure que la piste du complot familial est "l'hypothèse dominante". 

Quarante ans après, en l'absence de témoignages probants, c'est la science qui apparaît comme l'outil le plus à même d'identifier le criminel : grâce à l'ADN ou encore à la reconnaissance vocale des appels du corbeau.