Affaire Grégory : ce qui a conduit Jean-Marie Villemin à tuer Bernard Laroche

Quarante ans après, sa mort hante encore la Vologne, dans les Vosges. Qui a tué le petit Grégory ce mardi 16 octobre 1984 ? Ce jour-là, Christine Villemin était à la maison avec son fils. Lui jouait dehors, elle repassait dans la maison. Quand elle est sorti, l'enfant avait disparu. Le corbeau aurait-il mis ses menaces à exécution ? L'année précédente, Jean-Marie avait reçu un avertissement anonyme : "Ne laisse pas trop traîner ton mioche autour de la maison. Tu le retrouveras "stangnié", étranglé, en bas".

Mercredi 17 octobre 1984, au lendemain de la mort de Grégory, Jean-Marie Villemin est destinataire d'une lettre à l’écriture presque enfantine : "J'espère que tu mourras de chagrin le chef. Ce n'est pas ton argent qui pourra te redonner ton fils. Voilà ma vengeance, pauvre con". La lettre a été postée la veille, comme l’atteste le cachet de la poste de Lépanges, soit juste avant l'enlèvement de Grégory. Le corbeau serait donc l'assassin.
Au mois d'octobre, les gendarmes établissent des expertises graphologiques. Un nom ressort : celui de Bernard Laroche. Les confessions de Murielle Bolle viennent confirmer les soupçons. Elle raconte que le 16 octobre, Bernard Laroche est venu la chercher à la sortie du collège, puis ils sont partis récupérer le petit Grégory. Ils sont allés vers Docelles, en bord de Vologne. Laroche est sorti de la voiture avec Grégory. "Quand il est revenu, il était tout seul", explique-t-elle.

Fais pas le con, tu sais que j'y suis pour rien.

Bernard Laroche

"Ce qui est terrible, c'est que Bernard Laroche avait été inculpé sur la base d'un dossier qui contenait un certain nombre d'éléments. Monsieur Lambert s'était exprimé en parlant d'expertises et du témoignage de Murielle Bolle. Ce qui est ennuyant, c'est que les expertises ont été annulées, il n'y avait plus d'expertises dans le dossier. Et Murielle s'est ensuite rétractée, explique Me Marie-Christine Chastant Morand, avocate au barreau de Paris et avocate historique de Christine et Jean-Marie Villemin.

Elle interroge : "Qu'est ce qui s'est passé ? En réalité, je ne pense pas que Murielle puisse se rétracter comme ça. Elle avait donné sa position aux gendarmes, ensuite elle était rentrée chez elle. Ultérieurement, elle était allée chez le magistrat instructeur et elle réitère ses propos en présence du juge d'instruction. Ce que Muriel a dit avant et après au juge d'instruction est resté dans le dossier."

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Inculpé d'assassinat, Bernard Laroche est finalement libéré. Mais le père de Grégory en est certain : c'est lui le coupable. Le 29 mars 1985, Jean-Marie Villemin émerge d'un bosquet devant la maison des Laroche, à Aumontzey. "Fais pas le con, tu sais que j'y suis pour rien. Rentre, on va discuter", lance le cousin. Jean-Marie ne répond pas. Il tire. Un quart d'heure plus tard, Bernard Laroche est mort.  

"C'est un drame terrible. Ici même, le procureur général de Dijon, Monsieur Astruc, disait que l'un des grands échecs de cette affaire, c'est que les magistrats, les juges, les intervenants de l'époque n'aient pas perçu que Jean-Marie vivait une telle tragédie et pourrait être acculé au meurtre de son cousin, regrette Me François Saint-Pierre, avocat au barreau de Lyon et avocat de Christine et Jean-Marie Villemin. Il était totalement convaincu qu'il était l'auteur de l'enlèvement, mais aussi du meurtre de son enfant. Aujourd'hui, Jean-Marie a payé sa dette. Il est en règle avec la société."

Les invités de "L'Heure du crime"

- Me Marie-Christine Chastant Morand, avocate au barreau de Paris et avocate historique de Christine et Jean-Marie Villemin (avec Me Thierry Moser).
- Me François Saint-Pierre, avocat au barreau de Lyon et avocat de Christine et Jean-Marie Villemin.
- Thibaut Solano, directeur adjoint de la rédaction du magazine Marianne et auteur du livre La Voix rauque, publié chez Pocket.

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