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Jean-Pierre Treiber s'est donné la mort en prison après avoir été accusé du meurtre de Katia Lherbier et Géraldine Giraud.
Crédit : PHILIPPE MERLE / AFP
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Tout commence lorsque deux jeunes femmes amoureuses disparaissent en novembre 2004 dans l’Yonne. Géraldine Giraud, 36 ans, fille du comédien Roland Giraud, et sa compagne Katia Lherbier, éducatrice spécialisée, ne donnent plus signe de vie. Les enquêteurs écartent rapidement l’hypothèse d’un accident ou d’une disparition volontaire : les deux femmes avaient des rendez-vous et des projets dans les jours à venir.
Après avoir retracé les retraits effectués avec les cartes bancaires des disparues, les enquêteurs concentrent leurs efforts sur un suspect, un certain Jean-Pierre Treiber. Trois semaines plus tard, ils l'interpellent. Âgé de 41 ans, l'homme est forestier et ouvrier agricole. Il a une silhouette imposante et son œil est partiellement paralysé. Son amour pour la nature lui vaut le surnom de “l’homme des bois”.
Dans son portefeuille, les policiers retrouvent les cartes bancaires du couple. Treiber affirme alors : "Katia et Géraldine étaient mes amies. Elles m’ont confié leurs cartes pour les aider à disparaître." Le suspect reconnait que cet argent était le bienvenu. Il était criblé de dettes et vivait pauvrement.
Presque un mois après les disparitions, une perquisition dans sa maison de Villeneuve-sur-Yonne révèle des éléments troublants : un portable calciné, des habits brûlés, le porte-bonheur de Katia et le trousseau de clés de Géraldine. Le ratissage de la propriété permet de découvrir, dans un puisard à 3,50 mètres de profondeur, deux corps bâillonnés sous un amas de gravats et de caillasse.
"C'est au cours de l'enquête que l'on s'est rendu compte que c'était un individu (ndlr : Jean-Pierre Treiber) qui était à multiples facettes et qui en fait fréquentait des voyous et qui lui-même avait un comportement de voyou", se souvient Michel Cunault, directeur d’enquête dans l’affaire Treiber, au micro de RTL.
Le 20 décembre 2004, Treiber est mis en examen pour assassinats. L’hypothèse d’un empoisonnement à la chloropicrine, gaz interdit et mortel, est évoquée. Mais le poison n’est pas retrouvé chez lui, et la piste mène vers Marie-Christine Van Kempen, tante de Géraldine et ancienne cantatrice.
C'est elle qui avait présenté Katia, qui un temps a été sa colocataire, à sa nièce Géraldine. Dans son grenier, on retrouve des chiffons imprégnés de la mortelle chloropicrine.
Anne-Cécile Juillet, journaliste qui avait suivi l'affaire, explique : "Elle est suspecte, car elle pourrait offrir un mobile aux enquêteurs. On a du mal à imaginer que Jean-Michel Treiber a séquestré et tué deux femmes juste pour remplir deux caddies au supermarché du coin. Son apparition, outre les preuves matérielles (..), pourraient apporter un début d'explication."
Cette femme connaissait Katia, dont elle aurait été amoureuse, et aurait pu être "la probable commanditaire d’une séquestration-punition qui aurait mal tourné". Elle et Patricia Darbeau, dernière compagne de Treiber, sont mises en examen, mais bénéficient d’un non-lieu quelques mois plus tard.
Seul devant la justice, Treiber nie constamment les crimes. Mais il n’y aura jamais de procès. Le 8 septembre 2009, il s’évade de la prison d’Auxerre, dissimulé dans un carton. Après deux mois et demi de cavale, il est arrêté à Melun. Quelques mois plus tard, le 20 février 2010, il se pend dans sa cellule de Fleury-Mérogis. Aux yeux de la loi, le suspect numéro un, jamais jugé, est mort innocent.
- Michel Cunault, directeur d’enquête dans l’affaire Treiber et auteur du livre : L'affaire Treiber publié aux éditions du Rocher.
- Anne-Cécile Juillet, journaliste et rédactrice en chef adjointe pour le quotidien Le Télégramme, elle avait suivi l’affaire pour Le Parisien.
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