Affaire des enfants de novembre : le mystère qui hante Montréal depuis plus de 40 ans

Le 1er novembre 1984, à 13h15, dans le quartier des Faubourgs à Montréal, Manuel Gagnon, un garçonnet de quatre ans, frappe à la porte de Francine Viens. Il explique qu’il jouait avec son ami Maurice, le fils de Francine, quand une voiture sombre s’est arrêtée près d’eux. Un homme leur a offert des bonbons. Manuel s’est éloigné, mais en se retournant, Maurice avait disparu, ainsi que la voiture. La police est alertée immédiatement, mais malgré des recherches intensives, le petit Maurice reste introuvable.

Quelques heures plus tard, à 17h00, dans la même ville, Wilton Lubin, 12 ans, et Sébastien Métivier, 8 ans, quittent leur domicile pour se rendre à un cours de bricolage. Mais ils ne reviendront jamais. Dans ce quartier populaire, la police suspecte d’abord une fugue. Pourtant, leurs familles insistent : ce sont des enfants responsables, jamais partis sans prévenir.

Premières découvertes macabres

Deux jours après la disparition, à près de 80 km de Montréal, un cycliste découvre l’anorak bleu de Maurice Viens dans un fourré. Trois jours plus tard, le corps du garçon est retrouvé dans une maison en chantier. Le légiste confirme un traumatisme crânien sérieux. Le caractère sexuel du crime est suspecté, mais jamais officiellement confirmé.

"On ne relie pas ces disparitions. Pendant très longtemps, on considère que Wilton et Sébastien ont fugué. Il y a une sorte de délire policier qui est de raconter à la famille que les enfants vendaient du chocolat pour subsister", explique Stéphane Berthomet, ancien policier et qui a permis de relancer l’enquête, au micro de L'Heure du crime.

Quelques semaines plus tard, le corps de Wilton Lubin est retrouvé sur une berge du Saint-Laurent, étranglé et blessé. Plus tard, deux autres garçons, Michel Ethier, 12 ans, et Denis Roux-Bergevin, 5 ans, sont à leur tour enlevés et retrouvés morts. Le corps de Sébastien Métivier, n'a jamais été retrouvé. 

Suspects et fausses pistes

Au cours de l'enquête, plusieurs suspects sont arrêtés, dont Claude Quevillon, un chauffeur de taxi déjà connu pour violences, qui avoue de façon confuse les crimes. Mais ses déclarations sont jugées délirantes et il est interné en psychiatrie avec son colocataire Marc Perron, qui avait précédemment tué au couteau un garçon de 12 ans.

En 1986, Serge Gallien, délinquant sexuel multirécidiviste, est arrêté et avoue avoir tué Wilton et Sébastien. Mais ses aveux s’effondrent rapidement et il est considéré comme un affabulateur.

En 1993, l’attention se tourne vers Jean-Baptiste Duchesneau, criminel sexuel incarcéré, soupçonné par certains d’être le tueur. Cependant, il se suicide avant un interrogatoire crucial, laissant les enquêteurs sans réponse.

40 ans de mystères

Quarante ans plus tard, les familles restent dans le doute et la douleur. Christiane Sirois, mère de Sébastien, est en colère contre la police : "Ils n'ont pas fait leur travail convenablement. S'ils avaient écouté les parents sur ce que disaient leurs enfants, peut-être que nous n'en serions pas à faire cette émission aujourd'hui."

"C'est une histoire qui a touché les Québécois. Chaque génération a une histoire qui les a marqués. Par exemple, en France, il y a la disparition d'Estelle. Le fait que ce soit toujours irrésolu touche les gens, et c'est une affaire très mystérieuse et tragique" analyse Victoria Charlton, youtubeuse, spécialiste des affaires criminelles, au micro de RTL.

Les invités de "L'Heure du Crime"

- Stéphane Berthomet, ancien policier et auteur du podcast Les enfants de Novembre qui revient sur ces disparitions. Il a permis de relancer l’enquête en découvrant des preuves et des éléments clés qui avaient échappé aux policiers.
- Victoria Charlton, youtubeuse, spécialiste des affaires criminelles et auteure d’une série de livres : Gardez l’œil ouvert publié en poche qui revient sur des grandes affaires criminelles.
- Christiane Sirois, mère de Sébastien Métivier.

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