Affaire Guy Lecomte : 32 coups de couteau pour venger un ami disparu

Le 27 septembre 2019, les gendarmes de Commensacq, petite commune paisible des Landes, découvrent dans une villa le corps de Guy Lecomte, 54 ans. Il gît au sol, transpercé de 32 coups de couteau. Rien ne semble volé ni déplacé. Le crime est sauvage, mais méthodique. Le tueur a effacé toutes ses traces.

Très vite, l’enquête s’oriente vers une hypothèse : celle d’un crime intime. Guy Lecomte, discret commercial dans le secteur du bâtiment, menait une vie sexuelle débridée, marquée par le chemsex, les rencontres sur internet, les pratiques extrêmes et le sadomasochisme. Les enquêteurs s’interrogent : s’agit-il d’un amoureux éconduit, d’un partenaire violent, voire d’un crime homophobe ?

Mais malgré des mois de recherches, aucun nom ne surgit. Jusqu’à ce qu’un message sur Instagram fasse basculer l’enquête.

"Je ne regrette rien"

En février 2022, un jeune homme prénommé Benjamin se rend à la gendarmerie de Roquefort. Il montre un message posté dans un groupe privé, baptisé "BIG 4", par un certain Samuel. On peut y lire : "Ma conscience va bien. Je me suis senti aussi léger que jamais en voyant la vie quitter ses yeux. Je ne regrette pas même si avec du recul, j'aurais pu laisser cette merde vivre."
 
Un crime revendiqué par Samuel Matias Batista, 25 ans. Il n’a aucun casier, mais était ami avec Danaël Lecomte, le fils de la victime. Un garçon qui s'était suicidé en 2015 à 20 ans, peu de temps après avoir découvert l'homosexualité de son père. D'après Isabelle Munoz-Alvarez, la mère de Danaël, c'est la vie sexuelle dépravée de son ex-mari qui aurait poussé leur fils à se jeter sous un train. Elle le répète à tout le monde, y compris à ce qui sera, le meurtrier de Guy Lecomte.

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"Samuel Matias Batista et Isabelle Munoz-Alvarez, ce sont deux souffrances qui se sont rencontrées. Sans parler d'instrumentalisation, c'est certain que l'accusé a été influencé, mais aussi, par sa personnalité borderline", analyse Elodie Vergelati, journaliste qui a suivi ce procès, au micro de RTL.

Un assassin obsédé par le passé

Pendant deux ans et demi, Samuel va maturer son projet de vengeance. "Il va faire une véritable fixation. Plus ça va aller, plus il va tourner en boucle sur ce projet de justice", explique Maître Alexandre Novion, avocat de la famille de Guy Lecomte, au micro de L'Heure du crime.

Le 15 mars 2022, Samuel Matias Batista est placé en garde à vue et avoue le meurtre. Le jour du crime, il s'est rendu à Commensacq à vélo avec un couteau, voulant discuter avec Guy de son fils. Mais la conversation dégénère lorsque Guy lui demande d'oublier le passé, et Samuel le poignarde. Il nettoie la scène et garde le silence jusqu'à ce message libérateur deux ans plus tard.

La mère au cœur du débat

En juin 2025, Samuel comparaît devant les assises des Landes. L’expert psychiatre décrit une personnalité borderline, rongée par la mort et par le poids de l’ami perdu. Son avocat plaide un deuil pathologique. Mais pour l’avocat général, la ligne est claire : "Vous avez déclaré coupable Guy Lecomte du suicide de son fils. Vous l'avez condamné à mort et vous l'avez exécuté."

Sur le banc des témoins, Isabelle Munoz-Alvarez défend l’accusé et martèle : "Mon fils est une victime. Samuel aussi. Guy Lecomte a brisé nos vies."
 
Mercredi 18 juin 2025, après trois heures de délibéré, Samuel Matias Batista est condamné à 23 ans de prison pour l'assassinat de Guy Lecomte. Aucune peine de sûreté n'est demandée contre le jeune homme.

Les invités de "L'Heure du Crime"

- Maître Alexandre Novion, avocat au barreau de Bordeaux et avocat de la famille de Guy Lecomte.
- Maître Julien Plouton, avocat au barreau de Bordeaux et avocat de Samuel Matias Batista. 
- Elodie Vergelati, journaliste indépendante qui a suivi ce procès pour l’AFP.

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