Pendant plus de trois mois, à l'été 2014, Laurent Baca, 37 ans, est porté disparu. En France comme en Espagne, on le recherche activement. Cet ancien gérant de pizzeria, père de trois jeunes enfants, semble s’être volatilisé. Sa compagne, Edith Scaravetti, paraît abattue, égarée, soutenue par la famille du disparu, qui la considère comme une de leurs filles.
Le 20 novembre 2014, tout bascule. Après des semaines d’enquête marquées par des incohérences dans les déclarations d’Édith, une perquisition menée dans leur maison mène à la découverte macabre. Ce jour-là, alors que les enquêteurs fouillent les lieux, Edith se laisse tomber sur le lit conjugal et murmure : "Je suis un monstre".
Elle finit par avouer. Le corps de Laurent Baca se trouve dans le grenier, coulé dans un sarcophage de béton. Il est mort d'une balle dans la tempe.
Selon le récit d’Edith, la nuit du drame s’est conclue dans la terreur. Elle décrit un homme violent, sous l’emprise de l’alcool et du cannabis, qui l’aurait frappée et poussée dans l’escalier, avant de s’allonger sur le canapé, carabine en main, en la provocant : "Sois courageuse une fois dans ta vie. Montre de quoi tu es capable". Le coup serait parti "par accident" en voulant désarmer Laurent. Elle se dit persuadée que l’arme n’était pas chargée.
L’accusée parle d’un climat de violences répétées, physiques et psychologiques. Mais les doutes persistent. La famille de Laurent, très proche d'Edith, n'a rien remarqué : "Quelques semaines avant la disparition de Laurent, cette dame partait en vacances à la mer avec la sœur de Laurent. Edith en maillot de bain, n'avait pas de marques, pas hématomes. Il n'y avait pas de propos qui venait dire ou suggérait quoi que ce soit alors qu'elle était très proche de sa belle famille", se souvient Maître Pierre Le Bonjour, avocat de la famille de Laurent Baca, au micro de L'Heure du crime.
Le premier procès s’ouvre en mars 2018. La défense peint le portrait d’une femme brisée. On évoque Jacqueline Sauvage, symbole médiatique des violences conjugales et de la légitime défense différée. Le 19 mars 2018, contre toute attente, Edith Scaravetti est condamnée à trois ans de prison pour homicide volontaire. La décision choque la famille de la victime.
"Ce n'est pas une affaire qu'on peut voir de manière manichéenne, c'est-à-dire d'un côté la femme battue et de l'autre la dure manipulatrice. Je crois que tout cela s'entremêle. Je pense que dans le premier verdict, on a vu une version, celle de la femme battue", analyse Xavier Beneroso, journaliste qui a suivi toute cette affaire.
Mais l’affaire n’est pas close. En mai 2019, un second procès s’ouvre, cette fois devant la cour d’assises du Tarn-et-Garonne. Édith maintient sa version, mais les avocats de la famille Baca doutent de l'accident. Ils s'interrogent sur le fait que le bruit n'ait pas réveillé les enfants et suggèrent qu'Edith serait revenue pour tirer sur Laurent endormi après avoir conduit les enfants au centre aéré.
Cette fois, la cour suit le réquisitoire de l’avocat général. Edith Scaravetti est condamnée à dix ans de prison pour meurtre. En septembre 2021, bénéficiant de remises de peine, Edith Scaravetti est libérée. Depuis, elle se fait discrète.
- David Sénat, avocat général au procès d’Edith Scaravetti et auteur d'Avocat général – porter l’accusation, publié aux éditions Mareuil.
- Xavier Beneroso, journaliste qui a suivi toute cette affaire.
- Maître Pierre Le Bonjour, avocat au barreau de Toulouse et avocat de la famille de Laurent Baca.
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