3 min de lecture
Willy Pomonti
Crédit : Photo de famille
Je m'abonne à la newsletter « Infos »
Le 6 avril 1996, à Celle-Saint-Cloud, dans une banlieue résidentielle de l’ouest parisien, le corps de Willy Pomonti, 69 ans, est découvert dans sa maison. Architecte à la retraite, sans ennemis, il vivait seul dans la demeure qu’il avait lui-même dessinée. Il a été retrouvé ligoté, le crâne fracassé et le corps mutilé. Et surtout, près de lui, une perceuse couverte de sang, encore équipée d’une mèche à béton de dix centimètres.
L’intérieur de la maison ressemble à un champ de bataille. Il y a du sang partout, même au plafond. Les tiroirs sont ouverts, la télévision posée sur une table, comme si les voleurs avaient été pressés. La victime présente des perforations profondes au bras et à la jambe, en plus de coups portés avec une masse, retrouvées sur place. Il est mort à la suite d'une longue agonie.
Les enquêteurs suspectent rapidement un cambriolage qui a mal tourné. La scène de crime regorge d'indices : semelles ensanglantées, empreintes digitales, ADN, et 17 mégots. En 1996, l'absence de fichier national d'empreintes génétiques freine l'enquête, qui s'enlise. Dix ans plus tard, le fichier FNAEG identifie Michel Ambras grâce à l'ADN des mégots.
Ambras, 46 ans, fiché pour escroqueries mais sans antécédents de violence, marié et père de trois enfants, travaille dans le matériel de chantier. En garde à vue, il avoue être entré seul pour voler, surpris par Willy Pomonti en train de bricoler, et avoir agi dans "la panique".
"On a ce sentiment d'insatisfaction, de se dire finalement, on ne connait pas la vraie version. Il y a quelque chose d'irrationnel parce que torturer quelqu'un pour un profit aussi futile, on n'arrive pas à le rationaliser. On a quelque chose de presque passionnel. Torturer pour une partie de chaîne Hifi et quelques documents administratifs ?", se demande François Vignolle, coordinateur des enquêtes police-justice pour M6.
Mais un an plus tard, il revient sur ses déclarations et affirme qu'il n'était pas seul. Michel Ambras accuse un certain Patrick Lepetit, un ancien codétenu, d’avoir eu l’idée du cambriolage. Lui devait faire le guet. Ils communiquaient par talkie-walkie. Selon lui, Lepetit l’aurait appelé paniqué : "J’ai fait une connerie, j'ai besoin de toi". Sur place, Ambras aurait découvert l’horreur déjà commise et n'aurait pas participé aux actes de tortures.
Pourtant, aucun indice matériel, ni empreinte de Lepetit ne figure parmi les preuves retrouvées sur la scène de crime. Mieux encore, il était censé être de service toute la nuit du meurtre en tant que vigile, ce qui rend sa présence sur place improbable. Malheureusement, il est décédé en 2005 et ne peut donc pas témoigner.
En septembre 2010, quatorze ans après le drame, Michel Ambras comparaît devant la cour d’assises des Yvelines, à Versailles. La famille Pomonti, encore sous le choc, découvre le visage de l’accusé : loin du stéréotype du criminel brutal, Ambras apparaît comme un homme calme, posé et presque ordinaire.
"Il est correct dans sa façon de tenir et de répondre aux questions, mais il continue avec sa version qui n'a pas triomphé. Il a maintenu jusqu'au bout la responsabilité sur Lepetit", explique Maître Alain Fraitag, avocat de la famille de Willy Pomonti, au micro de L'Heure du crime sur RTL. Ses avocats insistent sur l’absence d’empreintes de leur client sur les armes du crime et sur le fait que la seule trace génétique d’Ambras correspond aux mégots de cigarettes qu’il a fumés après les faits.
Au terme des débats, Michel Ambras est condamné à 25 ans de prison, avec une période de sûreté aux deux tiers. Il accepte cette décision et renonce à faire appel.
- François Vignolle, journaliste et coordinateur des enquêtes police-justice pour M6.
- Maître Alain Fraitag, avocat au barreau de Paris et avocat de la famille de Willy Pomonti.
Bienvenue sur RTL
Ne manquez rien de l'actualité en activant les notifications sur votre navigateur
Cliquez sur “Autoriser” pour poursuivre votre navigation en recevant des notifications. Vous recevrez ponctuellement sous forme de notifciation des actualités RTL. Pour vous désabonner, modifier vos préférences, rendez-vous à tout moment dans le centre de notification de votre équipement.
Bienvenue sur RTL
Rejoignez la communauté RTL, RTL2 et Fun Radio pour profiter du meilleur de la radio
Je crée mon compte