Affaire Geneviève Lhermitte : le quintuple infanticide qui a marqué la Belgique

Le 28 février 2007, la Belgique entière vacille sous le choc d’un crime qui dépasse l’entendement. Dans une maison tranquille de Nivelles, Geneviève Lhermitte, mère de cinq enfants, appelle la police : "J’ai fait quelque chose de très grave… J’ai tué mes enfants." Quelques minutes plus tard, les secours découvrent l’horreur absolue. 

La mère a fait une tentative de suicide avec un coup de couteau planté dans le cœur. Elle semble inerte après avoir ingéré des médicaments, des anxiolytiques et des antidépresseurs.

Les enquêteurs découvrent cinq enfants, âgés de 3 à 14 ans, égorgés méthodiquement les uns après les autres. L’auteur de ce massacre n’est ni une inconnue marginale, ni une femme abandonnée à la dérive, mais une mère instruite, ancienne professeure de français et d’histoire, sans antécédents judiciaires. Alors comment comprendre l’impensable ?

Une présence de trop

Interrogé, Geneviève évoque une emprise. Celle exercée par son mari, Bouchaïb Moqadem, et surtout par le docteur Michel Schaar, parrain de ses enfants, médecin de la famille et omniprésent dans leur quotidien.

"Geneviève se décrit comme si elle vivait sous une chape de plomb. Selon elle, elle est causée par son mari et le docteur qui habitait avec eux, formant ainsi un "ménage à trois". D'ailleurs, le deuxième étage de leur maison est "l'appartement" du docteur. Lors de leur voyage de noces, cet homme est également présent. Il y a vraiment une omniprésence de ce médecin", explique Grégory Schmit, médecin légiste qui a réalisé ses premières autopsies sur les enfants de cette affaire.

Mais il est difficile de prouver la mainmise qu'elle dénonce. "Même des aveux des avocats de Geneviève Lhermitte, c'est compliqué. Bien évidemment, dans le dossier, on a les impressions subjectives de l'accusée, mais il n'y a pas d'éléments factuels qui permettent de dire que cette personne a eu des manipulations, qu'on a torturé l'esprit de cette femme"... Même s'il y a des éléments qui pourraient le laisser supposer dans la gestion familiale de l'époque", poursuit Denis Goeman, juge au tribunal francophone de Bruxelles, au micro de L'Heure du crime sur RTL.

Un profil psychiatrique qui fait débat

Le 8 décembre 2008, Geneviève Lhermitte comparaît devant la cour d’assises de Nivelles. Le procès tourne autour de son état mental. Les experts se contredisent. Certains la disent victime d’une dépression profonde, d’autres soulignent sa froide détermination. Un psychiatre la compare même à "la centrale de Tchernobyl" : une façade lisse dissimulant un chaos émotionnel prêt à exploser.

Mais le 19 décembre 2008, le verdict tombe : perpétuité.  Après onze années en prison, Geneviève est transférée en hôpital psychiatrique. Le 28 février 2023, seize ans jour pour jour après avoir tué ses enfants, elle est euthanasiée à sa demande. Elle avait 56 ans. 

Les invités de "L'Heure du Crime"

- Denis Goeman, juge au tribunal francophone de Bruxelles et auteur du livre Docteur Queen publié aux éditions Racine qui revient sur la vie et la carrière de Grégory Schmit.

- Grégory Schmit, médecin légiste qui a réalisé ses premières autopsies sur les enfants de cette affaire. C’est sa vie et sa carrière qui sont racontées dans le livre : Docteur Queen publié aux éditions Racine.

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