Aucune trace de coup suspecte ou d'étranglement. Lorsque les corps de Katia Lherbier et Géraldine Giraud sont retrouvés en novembre 2004 dans le jardin du principal suspect de leur meurtre, Jean-Pierre Treiber, rien de visible ne permet d'affirmer la manière dont elles ont été tuées. Rien, sauf une dégradation anormale des poumons.
L'enquête finit par conclure que les deux femmes sont mortes empoisonnées par un gaz très toxique : la chloropicrine. Ce gaz interdit, a longtemps été utilisé par les gardes-chasse pour exterminer les nuisibles. Or, il s'agit du métier qu'a exercé Jean-Pierre Treiber, surnommé "l'homme des bois" par la presse. Ce dernier, qui mis fin à ses jours en 2010, est alors accusé d'avoir joué un rôle dans la disparition des deux amantes le 2 novembre 2004.
À l'époque, le procureur Michel Meurant est chargé de l'enquête. Dans l'épisode du podcast Les Voix du Crime consacré à ce qui est devenu l'affaire Giraud-Lherbier, il se souvient du jour où les enquêteurs ont retrouvé les deux corps. "Il faut rappeler que les corps avaient le visage masqué par du ruban adhésif, de manière à ce que le nez soit apparent, autrement dit, qu'on ne puisse respirer que par le nez", explique-t-il.
C'est un produit qui est interdit à la vente et à l'utilisation en France depuis 1989
Michel Meurant
Compte tenu de l'état des poumons des deux victimes il apparaît probable que la chloropicrine ait pu être utilisée. "On va avoir recours à un toxicologue, se remémore Michel Meurant. [Les deux victimes] avaient encore sur elles quelques vêtements et l'analyse de ces vêtements va révéler la trace de chloroforme. Or, le chloroforme est un élément de décomposition de la chloropicrine, qui est un gaz très instable".
Jean-Pierre Treiber a beau clamer son innocence, l'étau se resserre autour du suspect numéro 1. "Il a été effectivement garde chasse et il a dû utiliser la chloropicrine, insiste Michel Meurant. C'est un produit qui est interdit à la vente et à l'utilisation en France depuis 1989. Néanmoins, il continue d'être d'être utilisé de façon clandestine."
Le magistrat se souvient du moment où la toxicité de la chloropicrine lui a été décrite avec précision par le toxicologue. "Voyez vous, monsieur le procureur, on en débouche un tout petit flacon dans votre bureau et en un quart d'heure, tout le monde est mort", lui a-t-il expliqué.
Aujourd'hui, l'affaire Giraud-Lherbier est prescrite et en s'ôtant la vie, Jean-Pierre Treiber a emporté avec lui ses secrets sans jamais pouvoir être jugé.
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