Trois. C'est le nombre répertorié de jeunes filles qui ont réussi à échapper à la mort face au couple diabolique Fourniret-Olivier. Si le tueur en série Michel Fourniret a avoué onze meurtres avant sa mort en 2021, il reste suspecté dans une vingtaine d'autres affaires criminelles avec son ex-épouse et complice, Monique Olivier. Depuis le 28 novembre, cette dernière est jugée devant le tribunal de Nanterre pour complicité dans les disparitions et meurtres de trois d'entre-elles.
Elles s'appellent Marie-Ascension, Joëlle et Sandra. Dans les Voix du Crime, Francis Nachbar raconte ce jour fatidique, où chacune d'entre-elles a frôlé la mort. L'ancien procureur et avocat général lors du procès de 2008, revient sur ce souvenir d'audience qui l'a marqué.
"L'impression la plus forte, et de très loin, c'est Joëlle, c'est une toiletteuse pour chiens qui a fait l'objet d'une tentative de viol, elle avait trente cinq ans à l'époque", raconte-t-il. Un soir de 1995, cette femme voit un homme cagoulé rentrer chez elle munit d'une arme à feu. L'homme lui dit qu'il va la violer et l'oblige à se dévêtir.
Les experts psychiatres disent qu'elle ne guérira jamais
Francis Nachbar
Sans que Michel Fourniret ne s'y attende, l'attaque va prendre un tout autre tournant. "Elle a cette présence d'esprit extraordinaire de lui faire croire qu'elle est enceinte. Là, il se désarçonne complètement et lui demande de se rhabiller. Il est en colère et lui enfonce une mandarine dans la bouche et lui frappe la tête à plusieurs reprises contre le rebord d'une baignoire. Et puis ensuite, il part en lui volant sa carte bleu", rapporte l'ancien procureur.
Si ce jour-là Joëlle échappe à la mort, le traumatisme est immense. "Les experts psychiatres disent qu'elle ne guérira jamais", soutient Francis Nachbar. Malheureusement, le cas de Joëlle n'est pas isolé. Sandra Noirot, a elle aussi échappé à une fin tragique. "C'est une tentative d'enlèvement où il a essayé de faire monter cette femme de force dans une gare. Heureusement, le train est arrivé à l'heure", explique l'ancien avocat général.
C'est une autre tentative d'enlèvement qui met fin au parcours meurtrier de Michel Fourniret et de sa femme, Monique Olivier. Celle de Marie-Ascension, 13 ans, le 26 juin 2003 à Ciney en Belgique. Alors qu'elle se promène, la jeune fille est alpaguée par un automobiliste qui lui demande son chemin. Devant l'insistance du chauffeur, Marie-Ascension, d'abord méfiante, cède, et monte dans la voiture pour lui dicter la route. Le conducteur n'est autre que Michel Fourniret.
Les portières et les vitres de la camionnette se bloquent. L'adolescente ne peut plus sortir. Ligotée à l'arrière du véhicule, Marie-Ascension parvient à se détacher, à ouvrir les portières arrières de la camionnette, et à s'enfuir avant d'alerter une automobiliste.
Elle a cru que son dernier jour était venu
Francis Nachbar
"Elle a cru que son dernier jour était venu. Marie Ascension est aidée par une foi vraiment très très profonde, qu'elle a au fond d'elle et qui l'aide (…) Elle sait que c'est un miracle, qu'elle soit encore en vie", atteste Francis Nachbar.
Si ces trois femmes sont aujourd'hui encore en vie, elles n'en portent pas moins de lourdes séquelles. "Marie Ascension vit le syndrome de la survivante, comme Joëlle d'ailleurs. Elles culpabilisent d'avoir survécu alors que tant d'autres jeunes filles sont mortes dans des conditions épouvantables", déplore le magistrat.
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