Affaire Élodie Morel : quel scénario machiavélique a été imaginé pour tuer la mannequin débutante ?

Élodie Morel rêvait de changer de vie. Le faux espoir d’un casting l’a conduite à croiser la route d’un prédateur. Le lundi 2 mai 2005, à Aigues-Mortes, Dominique Tarasco, figure locale et patron de discothèque, alerte les gendarmes : un homme qu’il connaît, armé, a rendez-vous avec une femme au bar L’Escale.

Il refuse de donner son nom, mais craint qu’il ne veuille lui faire du mal. Une surveillance est mise en place, en vain. L’homme roule en Citroën ZX, mais l’information arrive trop tard.

Mercredi 4 mai, à Marseille, Sylvain R. signale la disparition de son ex-épouse, Élodie Morel, 29 ans, serveuse et mère d’un petit garçon. Elle était partie pour un shooting photo pour la marque Rolls-Royce, alléguant une offre à 1 000 euros par jour. Son dernier message date du lundi soir. L'enquête révèle que le "casting" était organisé par une certaine "Nicole Forestier"... qui n'existe pas.

Une femme dans le coffre

La gendarmerie d’Aigues-Mortes fait aussitôt le lien avec le signalement de lundi. Le jeudi 5 mai, Tarasco livre enfin le nom de l’homme : Guillaume Mingaud, 49 ans, ancien videur, condamné pour viol dans les années 80. "Il a un pedigree judiciaire ainsi qu'une personnalité inquiétante. C'est quelqu'un qui est connu pour être plutôt nerveux, presque constamment armé. Donc, on a l'impression d'avoir une grenade dégoupillée dans la nature", se souvient Nicolas Deliez, journaliste, au micro de L'Heure du crime.

Il est interpellé le jour même avec un complice, Richard Lignier, 53 ans. Sur lui : la carte bancaire d’Élodie. Il prétend l’avoir trouvée par hasard. Lignier, en garde à vue, admet que Mingaud lui a demandé d’utiliser sa grange pour cacher une voiture avec une jeune femme dans le coffre.

Fausses annonces

Les perquisitions chez les Lignier à Vergèze permettent de retrouver les affaires d’Élodie. En garde à vue, Mingaud avoue : il a monté le faux casting, il a frappé Élodie pour obtenir sa carte bancaire, puis l’a séquestrée avant de l’étrangler.

Le 6 mai, la BMW d’Élodie est retrouvée. Son corps est recroquevillé dans le coffre. Elle a des plaies au crâne et porte une marque de strangulation. L’enquête révèle que Mingaud prévoyait d’attirer d’autres femmes avec de fausses annonces sous divers pseudonymes. 

"Il a un passé de violeur. Je pense que son objectif, c'était de violer Élodie. Je pense que c'est ce qu'il a fait puisqu'on a retrouvé le sperme de Mingaud sur le jean et le pull de la jeune femme", avance Maître Patrice Reviron, avocat de la famille de la victime, au micro de RTL. 

Des monstres d’égoïsme

Le 28 janvier 2008, les trois accusés comparaissent devant la cour d’assises du Gard. Mingaud nie le meurtre, se dit amoureux de la victime, et accuse Lignier d’être le véritable meurtrier. Lignier nie, mais admet ne pas avoir dénoncé le crime par peur.

Le psychiatre le décrit comme un pervers et mythomane. L’avocat général résume : "La mort d’Élodie, c’est la rencontre entre un monstre d’inhumanité et deux monstres d’égoïsme."

Le 1er février 2008, le verdict est rendu : Guillaume Mingaud est condamné à la réclusion à perpétuité, tandis que les époux Lignier écopent de six ans de prison pour complicité de séquestration. Cependant, lors du procès en appel en mai 2010, la préméditation est écartée. La peine de Mingaud est alors réduite à 30 ans de prison, dont 20 ans de sûreté. Quant aux Lignier, leur peine est portée à huit ans, sans mandat de dépôt immédiat.

Les invités de "L'Heure du Crime"

- Maître Patrice Reviron, avocat au barreau d’Aix-en-Provence et avocat de la famille d’Elodie Morel. 
- Nicolas Deliez, journaliste, réalisateur notamment du documentaire : Piège par internet : L’affaire Elodie Morel pour W9.

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