Affaire Elisa Pilarski : ce que l'on sait du profil de Curtis, le "chien mordeur" de son compagnon Christophe Ellul

Près de cinq années se sont écoulées depuis la mort d'Elisa Pilarski. Le 16 novembre 2019, le corps sans vie de la femme enceinte de 29 ans, est retrouvé dans la forêt de Retz (Aisne), le corps couvert de morsures de chien alors qu'elle promenait Curtis, le chien de son compagnon, Christophe Ellul.

Le 16 novembre, jour de la Saint-Hubert, la fête des chasseurs, une chasse à courre organisée par l'association Rallye La Passion a lieu au même endroit, au même moment. Les chiens seront mis en cause. 

L'expertise vétérinaire menée dans le cadre de l'enquête écarte la piste des chiens de la chasse à courre et indique que Curtis est à l'origine des morsures mortelles. Me Guillaume Demarcq, avocat du maître d'équipage s'est penché dans Les Voix du crime, sur le profil de Curtis, le pitbull au cœur de l’affaire.

C'est un chien qui a fait l'objet d'un dressage spécifique qui a concouru au drame, c'est manifeste

Maître Guillaume Demarcq

Dès le début de l'enquête, Christophe Ellul présente Curtis comme étant issu d'un croisement entre un Patterdale et un lévrier Whippet. Une vérification menée par les gendarmes permet de statuer sur la nature de l'animal : il s'agit d'un Pitbull Terrier, une espèce non reconnue et interdite d'importation en France.

Chien musclé d’une vingtaine de kilos, Curtis est issu d'une race capable de tuer une proie pesant jusqu'à cinq fois son poids. L'animal aux capacités physiques développées s’est d'ailleurs forgé une réputation de chien mordeur. " C'est un chien qui a mordu à plusieurs reprises, y compris son propre maître (…) qui a fait l'objet d'un dressage spécifique qui a concouru au drame, c'est manifeste", résume Me Guillaume Demarcq.

Importé des Pays-Bas et détenu illégalement dans l'Hexagone, Curtis ne portait pas de muselière et n'était pas stérilisé. Trois mois avant le drame, le molosse a remporté un concours de "mordant sportif" organisé en Belgique. La pratique de sport canin, réservée à des races spécifiques en France, a pour but de faire mordre le chien afin de développer ses capacités de défense et de protection.

"Non seulement Curtis est issu d'une race qui n'est pas du tout faite pour le mordant, mais en plus, Curtis a un comportement psychologique qui est particulièrement instable (…) ajoute Me Guillaume Demarcq. Christophe Ellul avait construit une espèce de bombe à retardement qui à un moment lui a totalement échappé."

On était sur des espèces de parcours commando pour le chien

Maître Guillaume Demarcq

Passionné par les pitbulls, Christophe Ellul a toujours refusé d'incriminer celui qu'il a élevé, dans l'affaire du décès de sa compagne. Lui qui ne possédait aucun permis de détention d'un tel chien est pointé du doigt : les experts vétérinaires relèvent que Curtis a fait l'objet d'un dressage contre nature qui peut s'apparenter à de la maltraitance animale.

"C'est une difficulté judiciaire parce qu'il aurait dû s'assurer qu'il avait les certificats de l'importation, faire les choses dans les règles (...). On était sur des espèces de parcours commando pour le chien, avec des films de ce chien qui s'accroche pendant de longues minutes en hauteur à un pneu, qui ne lâche pas".

Depuis 2022, Curtis séjourne au chenil SACPA de Bonrepos-sur-Aussonnelle, près de Toulouse (Haute-Garonne), dans l'attente d'une potentielle euthanasie. Le 20 août 2024, le parquet de Soissons a demandé le renvoi de Christophe Ellul pour "homicide involontaire" avec circonstances aggravantes. 

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