Lorsque Caroline Legendre, experte-psychologue, rencontre Rémy Roy pour la première fois, celui qui est surnommé "le tueur au Minitel rose" est en détention provisoire depuis deux ans. Derrière les barreaux, le tueur en série suit une thérapie et parvient à poser des mots sur les crimes qui lui sont reprochés : en 1991, il a tué trois hommes homosexuels, rencontrés via la messagerie du Minitel rose. Un quatrième a survécu à l'agression.
"Il se souvient des faits et il les reconnaît, mais avec la sensation de ne pas se retrouver dans les faits reprochés", se souvient Caroline Legendre dans Les Voix du crime. "Il admet avoir été sur place et avoir frappé ses victimes, les avoir frappées violemment, mais il prétend avoir été provoqué par ces hommes, dont, nous dira-t-il, il ignorait les tendances sadomasochistes."
Pourtant, Bruno, le survivant, raconte que c'est Rémy Roy lui-même qui a initié ces pratiques violentes. Pourquoi Rémy se dépeint-il comme victime ? "La notion et la position de victime est présente chez Rémi Roy depuis toujours finalement, poursuit l'experte-psychologue. Cette position de victime va colorer le récit de son histoire."
Rémy Roy, loquace, commence par évoquer les traumatismes sexuels subis durant son enfance et son adolescence. "On peut vraiment faire l'hypothèse d'un processus de répétition du traumatisme initial, traumatisme sexuel subi, sur un mode actif, explique Caroline Legendre. C'est-à-dire que d'une position passive, on passe à une position active et le but inconscient de ce processus, c'est de maîtriser le traumatisme. (...) Et en fait, de victime, on devient agresseur."
Au moment de son passage à l'acte, Rémy Roy raconte traverser une profonde dépression. "Juste dans la période qui précédait les faits, il venait de connaître un échec commercial du fait de la cessation d'activité d'une entreprise qu'il avait montée", relate Caroline Legendre.
"Il avait évoqué cette période très difficile juste avant les faits qu'il traversait notamment avec sa compagne où il sentait une espèce de prise de distance, poursuit-elle. Et il s'est senti évincé, rejeté, humilié par sa compagne. Je dis bien, 'il s'est senti'. Ça ne veut pas dire que ça correspondait à quelque chose d'objectif !"
Les contacts par Minitel représentaient une espèce d'issue salvatrice
Caroline Legendre
Une question persiste : pourquoi contactait-il ces hommes avant de les tuer ou de tenter de les tuer ? "Il pourra lui-même formuler l'hypothèse que peut-être il s'agissait de retrouver un élément masculin, voire paternel, protecteur (...) Les contacts par Minitel représentaient une espèce d'issue salvatrice, en fait, et lui permettaient de prendre de la distance par rapport à la période qu'il nous a décrite comme étant très noire", rapporte Caroline Legendre. À l'issue de son procès, Rémy Roy est condamné à la prison à perpétuité avec 18 ans de sûreté.
>> Les Voix du crime sont avocats ou avocates, enquêteurs ou enquêtrices, proches de victimes, de suspects ou de coupables. Ces témoins-clefs se confient au micro des journalistes de RTL. Des témoignages inédits, qui apportent un éclairage nouveau sur la justice et les grandes affaires criminelles d’aujourd’hui.
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